Pas de doute, on est bien chez Cayatte, qui déroule ses ingrédients habituels : réflexion sur la justice et faits de société (l'impuissance masculine, l'émergence du phénomène de cougar...), avec une enquête policière pour emballer le tout.
Hélas, cette ultime affaire - co-scénarisée avec le romancier Jean Laborde - manque de souffle et ne parvient jamais à captiver. Malgré une volonté d'attaquer le récit tambour battant, avec un montage dynamique et aucun préliminaire (la scène introductive est un meurtre en vue subjective), on a beaucoup de mal à entrer dans cette histoire - d'autant que le film est assez laid visuellement (peut-être la faute à mon streaming, d'une qualité douteuse).
On ne sait rien au départ des principaux personnages, en particulier de la juge d'instruction incarnée par Annie Girardot, ce qui ne facilite pas l'empathie immédiate.
Plus tard dans le film, Cayatte finira par distiller quelques flashbacks assez cheap sur le couple Bibi Andersson - Michel Auclair, filmés de loin en espérant figurer la jeunesse des personnages...
Cet amateurisme resurgira en quelque occasion, par exemple lorsque Bibi Andersson, afin d'échapper à la police, sera affublée d'un ridicule combo perruque-lunettes de soleil.
Après une première moitié laborieuse, la seconde partie du récit sera heureusement un peu meilleure, avec notamment une opposition intéressante entre justice française et justice britannique. De manière générale, le film est émaillé de critiques éparses sur l'institution judiciaire (comme la présence de magistrats lors des délibérations d'un jury d'assises), qui rappelleront les grandes heures de la carrière de Cayatte.
Parmi les quelques atouts de "L'amour en question", il faut aussi signaler le tournage dans la ville de Nice et ses environs, qui confère au film un charme méridional, et permet à Cayatte de tourner une scène intéressante à la frontière franco-italienne.
Si la direction d'acteur apparaît parfois déficiente (la suédoise Bibi Andersson étant en outre peu à l'aise avec le français), Cayatte s'offre néanmoins un dernier casting de prestige, retrouvant pour la quatrième fois une Annie Girardot au sommet de sa popularité, associée à un Michel Galabru tout juste césarisé, et entourée de quelques seconds rôles solides (Georges Géret, John Steiner, Vernon Dobtcheff...).
Cet ultime long-métrage d'André Cayatte est donc l'un de ses plus faibles, à l'image de son dénouement sans grand relief. Pas étonnant dans ces conditions que l'ancien avocat n'ait alors achevé sa carrière avec une poignée de téléfilms tournés au début des années 80.