L'amour est un crime parfait par Léopold Pasquier
Si "L'amour est un crime parfait" constitue un thriller potable, le film pèche par sa gravité ronflante, chose autrement regrettable venant des frères Larrieu dont on s'explique difficilement cette soudaine empathie.
Peut être est-ce le climat ; après tout, Les Larrieu en ont une science bien à eux. Le paysage affecte, mais pas seulement les protagonistes : chez les cinéastes, le film tout entier épouse la dramaturgie de son espace. Ainsi les crevasses enneigées appellent sans doute à la dissimulation de cadavres, là où les plateaux du Vercors invitaient plutôt à la promenade bucolique (Peindre ou faire l'amour).
Tout de même une belle constance : Les films des Larrieu sont lieux de renaissances, et elles sont toujours d'ordre sexuelle. Deux mots à ce propos sur Mathieu Amalric, choix régulier des Larrieu tant il incarne admirablement cette immuable volonté d'apprentissage.
Les yeux dans le vide, le sourire niais ; les personnages joués par Amalric sont souvent dépassés par les événements mais en retirent un certain plaisir (ou du moins aiment à en tirer des leçons). Il faut le voir ici, bouleversé par cette sexualité redécouverte, se mettant à balbutier (« je n'avais jamais joui aussi profondément, je ne sais plus parler ») C'est encore là que se trouvent les plus beaux moments du film.