L'amour est un crime parfait par Teklow13
Avec L’amour est un crime parfait, les Larrieu font en quelque sorte ce qu’ils avaient fait avec leur film précédent, Les derniers jours du monde, à savoir construire un récit sur la base d’un cinéma de genre, le film apocalyptique dans un cas, le polar dans l’autre. Et en revisitant les codes, non pas dans la simple ambition de les détourner, mais pour retranscrire narrativement les états d’âme des personnages. Au fond on retrouve ici les questionnements permanant des cinéastes, sur le sexe, le désir, l’amour, la solitude, la relation à la nature,… Se caler sur une intrigue de polar leur permet de créer, outre un climat essentiel au genre, des zones d’ombre, des mystères, des chausse-trapes. Ca les Larrieu le font toujours aussi bien, avec leur ton unique. Le film est jubilatoire quand il disjoncte, quand la dissonance si particulière qui enrobe le cadre finit par le faire imploser. Ici ça passe d’abord par le travail sur la diction des personnages, Amalric en tête, cherchant une forme de littéralité et hésitant sans cesse entre le génial et le à-côté-de-la-plaque.
Ca passe aussi par cette faculté à créer des situations au sein d’un espace très étudié et relatif à l’intimité des personnages. Les Larrieu sont très forts pour trouver des décors géniaux. Ici ils reviennent à ceux qu’ils filment le mieux, la montagne et la neige.
Les paysages de la Suisse sont superbes. Sans oublier ce décor étonnant, tout en transparence de l'École polytechnique de Lausanne. C’est très beau.
Le hic ici, c’est l’écriture. Car au milieu de ça il y a quand même une intrigue, une enquête. Et on voit clairement que les cinéastes n’en ont rien à foutre, préférant s’attarder sur les à-côtés. Ca ne me dérange pas plus que ça, mais lorsque la narration oblige de s’y référer, d’y revenir, le film s’embourbe un peu, notamment son final vite expédié.
C’est un peu dommage, mais c’est un bon film.