L'Amour fou
7.5
L'Amour fou

Film de Jacques Rivette (1969)

e l’avais gardé pour la fin, tout comme Out 1 qu’il me reste à voir, car il est considéré comme un des sommets de l’œuvre de Rivette. J’en attendais énormément et du fait je suis un poil déçu.
Peut être car le film me touche un petit peu moins, et surtout me stimule un peu moins que des films comme Céline et Julie ou le Pont du nord par exemple, films d’une liberté, d’une audace, d’une folie, d’une inventivité et d’une fantaisie folle.
L’amour fou est cependant un très beau film, peut être son œuvre somme sur le lien (oppositions, interpénétrations, parallèles, conséquences,..) qui unie le théâtre (donc le jeu et la représentation surtout) et la vie. Ici un couple qui s’aime puis se déchire, Claire, une actrice (Bulle Ogier) et Sébastien, son metteur en scène (Jean-Pierre Kalfon). Au milieu de se délitement, la pièce que Sébastien est en train de monter, Andromaque, d’abord avec sa femme, puis sans elle.
L’action se déroule essentiellement dans deux lieux : le théâtre où l’on répète et l’appartement du couple. Rivette, plus encore que d’habitude, fait durer les scènes, laisse la caméra tourner, laisse les acteurs improviser, pour essayer de saisir des instants, de vie. Au fur et à mesure que le film se déroule, que les scènes de répètent (plus ou moins), on voit apparaître ce miroir vérité/jeu au sein des deux lieux. Ainsi, sur scène, on voit la vie habiller le costume de théâtre, on voit l’acteur sous le personnage, et l’acteur sous l’acteur personnage, idem pour le metteur en scène. On voit le texte rejoindre la réalité et tout ça se mélanger pour créer un petit monde.
Mais c’est surtout fascinant de l’autre côté, côté appartement où l’inverse s’opère. Où le couple tente de rattraper la vie, leur amour, par le jeu. Par le jeu de rôle permanent, par la représentation et le déguisement qui rend d’autant plus triste lorsque le masque retombe.
Je pense que Rivette est le cinéaste qui parle le mieux de ça, de la vie et de son double et des entremêlements.
Sur ce point l’amour fou est un film ambitieux, un peu rude (4 heures) mais passionnant.
Teklow13
8
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le 29 oct. 2013

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