L'Amour ouf
6.8
L'Amour ouf

Film de Gilles Lellouche (2024)

Quand c'est flou c'est qu'il y a Lellouche

Bon j'admets, ma note est un poil généreuse. Dans l'absolu, 8,5 tirant vers le 9 faut le mériter c'est sûr. Mais je pense que l'Amour ouf le mérite, tout simplement.


Puisque visiblement c'est plutôt bien vu d'enfoncer le film, on pourrait hurler avec les loups à défaut d'hurler avec Lellouche. Oui, ce dernier manque de subtilité. Il est probable que sur ce volet, c'est son personnage dans Bac Nord qui a du s'en charger. Oui aussi, la fin est un peu foutraque. Le film ne sait pas comment se finir, tourne un peu en rond, et gagne en artificialité, ce qu'il n'avait pas du tout avant.

Mais une fois ces deux aspects traités, il me parait compliqué de camper sur du négatif. L'Amour ouf m'a servi tout ce que j'attends d'un film avec ce genre de thématique. Mieux, il a su faire ce que beaucoup n'osent plus.


Tout d'abord, le film assume son côté playlist, et nous en met plein les oreilles (avec goût) tout le long. Et ça, c'est suffisamment rare pour être noté. Je veux plus de films où la bande-son peut remplir un vinyle entier, au lieu de la simple musique orchestrale ou électronique lambda. Par moment, on se serait cru dans Top Gun, ce qui n'a rien d'étonnant vu les goûts filmiques du réal.


Ensuite, le film prend des risques avec sa mise en scène, surprend parfois avec des effets de style venus de nulle part, prend en fait conscience qu'il est un film et pas un téléfilm. La vision de Lellouche existe et s'exprime. Evidemment, les références aux films de son époque sont largement visibles, notamment le côté milieu ouvrier qu'on voyait dans Flashdance et Footloose. Bon, ça tombe bien, au cinéma ça rend toujours très bien. Ici, la caméra a su traiter visuellement son sujet, notamment sur un des plans finaux au crépuscule. Je suis sensible à cet univers depuis avoir vu All the right moves (avec Tom Cruise) il y a qqs années, c'était donc un choix plutôt gagnant à mes yeux.


Enfin, le film est généreux. Si l'on excepte la fin, l'Amour ouf a une histoire à raconter, et sait prendre le temps de le faire. Il assume ses scènes plus artistiques (la danse sur du post-punk notamment, adroitement placée) tout comme ses scènes plus intimes.


A cela, il faut aussi ajouter de bonnes performances d'acteurs, notamment les deux adolescents. Je n'ai pas à me plaindre tant que ça de l'absence d'alchimie entre Exarchopoulos et Civil, je pense que vu les personnages, c'est cohérent, sans compter que certaines théories selon lesquelles une partie du film serait fantasmée m'apparaissent comme pas déconnantes.

Alain Chabat et Benoit Poolvorde s'en sortent aussi très bien au passage, chacun dans des rôles qui leur vont comme un gant.

Histoire de revenir sur François Civil et Adèle Exarchopoulos, je tiens à dire que tout deux prouvent une nouvelle fois qu'ils sont des stars loin d'être surcôtés. Je les aime tous les deux énormément par leur capacité à habiter leur rôle, et pour le coup c'est une nouvelle fois très crédible.


Avec l'amour ouf, Gilles Lellouche s'est vraiment fait plaisir et s'est montré très généreux, ce qui explique notamment l'absence d'une certaine subtilité. Pour autant, quelques effets de style symbolique (je pense notamment à un plan où s'enchaînent les pieds chaussés de différentes personnes) sont plutôt bienvenus et le film est tout simplement agréable à suivre. Agréable par sa musique et playlist audacieuse (le retour de la bonne vieille guitare électrique), agréable par sa lumière, ses contrastes, sa variété de décors. Agréable aussi par les interprétations et les destins présentés pendant ces deux heures quarante qui ne paraissent jamais trop longues.


Sur de nombreux points, le film m'a donné ce que j'attendais, et je suis obligé d'être reconnaissant. Si je fais une liste de cadeaux au père noël, je ne vais pas tirer la tronche si 90% de la liste m'attend au pied du sapin le jour venu. Là c'est la même chose.

J'aurai donc juste deux petits bémols:

présenter deux éclipses solaires dans un film romantique rempli de musique, sans mettre une seule fois Total eclipse of the heart, c'est pas drôle.

Et de même, ne pas nous offrir un love song magistral alors qu'on aspire à être LE film américain des années 80 mais en France, c'est un peu frustrant. Heureusement que les End titles nous offrent encore un morceau de qualité.

Pour conclure d'ailleurs, je tiens à souligner aussi le travail fait sur le générique. Voilà encore un point sur lequel je veille: un générique en lettres de couleur, sur un fond autre que noir avec de la bonne musique, c'est parfait. Rien que pour ça, je défendrai toujours ce film.

lordwraith

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