L'amour louf
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Il faut reconnaître que Gilles Lellouche est un bon réalisateur, Le Grand Bain à l'appui et film qui me surprit agréablement en 2018. Si L'Amour Ouf m'a provoqué quelques palpitations d'une réticence par la présence d'une actrice réputée par sa façon de parler, force est de reconnaître que ce film de ce même Lellouche m'a fait ressortir épaté par la forme et fait pas mal discuter en bien et en moins bien par le fond.
J'ai commencé cette critique par ce qui pourrait être une conclusion. D'ailleurs, L'Amour Ouf débute aussi par une conclusion, une violente et tragique conclusion avant de nous faire revenir en arrière à la lueur de la flamme d'une torchère d'une zone industrielle située au nord de la France, une flamme qui allume les lettres du titre. Cet amour fou, dont on pourrait intenter un procès à Cupidon d'avoir décoché sa flèche sans se soucier des conséquences que ce petit con ailé a provoquées, mais je m'égare ... Hum !
Le film trace la vie d'un garçon et d'une fille que rien ne semblait les unir dans la vie, le premier étant un turbulent gosse souvent insupportable, petit voyou qui deviendra grand voyou, issu d'une famille de classe ouvrière casée dans des barres HLM, la seconde, orpheline de sa mère décédée dans un accident et coconnée par un père très attentionné (remarquablement joué par Alain Chabat). Les jeunes acteurs révélés ici, Malik Frikah et Mallory Wanecque, jouant Clotaire et Jackie dans leur adolescence, passeront le relais à François Civil et Adèle Exarchopoulos dans la peau des mêmes personnages plus adultes. Entretemps s'ensuivent des moments tendus comme des moments de détente, des périodes d'insouciances ensoleillées comme celui baignant dans le hit de Billy Idol, "Eye Without A Face" (oui, nous sommes dans les lointaines et chaleureuses années 1980 pour qui y aurait vécu sa jeunesse), à des tournants plus sombres affectés par des destins sociaux sous un coup de massue patronal que subit, avec ses collègues de travail, le père de Clotaire joué par Karim Leklou. La séquence de danse guidée par "A Forest" de The Cure offre un moment hors du temps, les tourtereaux lycéens projetés en dehors de la réalité d'une bagarre troublant une fête. Et puis les routes se séparent, la prison pour l'un et la désillusion sentimentale pour l'autre, instant transitoire du film.
On se surprend de se prendre d'empathie pour Clotaire, passant des traits du petit Malik Frikah à François Civil, condamné à douze années d'emprisonnement pour un meurtre qu'il n'a pas commis lors d'un braquage qui visait les salaires des ouvriers, comprenant son père, alors en grève - mais même s'il na pas tué, il a fait le (petit) con quand même ! Une colère rancunière se révèle à l'encontre de La Brosse, le parrain de la pègre locale que joue Benoît Poelvoorde que l'on voit se marrer comme un beauf intouchable dans une partie de chasse filmé au ralenti, parrain et père qui a privilégié son fils, auteur du coup de feu mortel en faisant condamné Clotaire à sa place. Forcément, on a les boules pour ce dernier quand ses complices font la fête sur son dos. Tandis que de son côté, Jackie refais sa vie avec un nouveau compagnon, un patron d'entreprise avec le visage de Vincent Lacoste dont on peut peiner à croire à son rôle derrière sa trogne d'éternel gamin. Mais l'amour fou demeure entre Clotaire et Jackie, en témoigne une nouvelle éclipse solaire où chacun d'eux pense à l'autre de façon réciproquement mélancolique avec une belle idée de mise en scène scène.
La seconde partie se passe et l'on pense au dénouement final qui approche avec les tensions allant à crescendo, ce dénouement vu au début du film, à se destin fatal dont Clotaire ne semble pas se résoudre par honneur d'une vendetta "scorcesienne", comparaison voire critique faite à la réalisation.
Malgré des aspects reprochables par le fond comme pour la dernière scène avec Pio Marmaï dans un petit rôle, je ne suis pas sorti indemne malgré des aspects scénaristiques défavorablement discutables de cette nouvelle réalisation qui tenait très à cœur durant des années à Gilles Lellouche qui, tel Albert Dupontel dans la même fonction (Au Revoir Là-Haut, Adieu Les Cons), voire même parfois son ami, Guillaume Canet (Ne Le Dis À Personne, Au Nom De La Terre), sort du lot avec des idées de mises en scène dont certaines sont de toute beauté et qui font sûrement encore parler à l'heure de terminer cette critique, quoi que d'autres moins satisfaits peuvent en dire. Le casting, qui peut être partiellement discutable aussi de par le jeu de certains comédiens, est en moyenne tout de même bon dans l'ensemble. Notons la touchante Élodie Bouchez dans le rôle de la maman aimante de Clotaire et des musiques qui touchent des cordes sensibles liées à la nostalgie d'une époque passée.
L'Amour Ouf, même si on lui préfère probablement pour beaucoup Le Grand Bain, pourrait malgré ça se classer comme l'un des meilleurs films français sorti en 2024.
Créée
le 28 déc. 2024
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