L'amour louf
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Notes sur le film : (spoiler) Que de bruit autour de ce film.. ! Tiré d’un roman social anglais, L’amour ouf capitalise sur le succès du très bon Le Grand Bain et maximise la latitude obtenue par Gilles Lellouche pour ce projet-ci : les moyens colossaux – 35 M€ – offrent une durée maousse et un casting XXL, avec un nom même pour le 36ᵉ rôle. Manifestement laissé totalement libre par ses producteurs – pas toujours une bonne idée... -, le réalisateur étire son film plus que de raison, avec une avalanche parfois exténuante de la belle image, pour soutenir une toute petite chose, à savoir une romance brûlante qui, passé l’adolescence – après 1h20 de pellicule -, apparaît surtout... immature.
Le but ici n’est pas de reprocher au cinéaste son ambition visuelle, louable dans l’horizon du cinéma français, et qui accouche de belles idées : une danse pour figurer un amour adolescent qui éclot, par exemple. Mais on ne peut s’empêcher d’avoir la désagréable impression de regarder un clip musical, néons colorés et mouvements chaloupés de la caméra compris, étiré sur près de 3 longues heures (2h40), qui se charge d’une fascination pour l’un des corollaires contemporains du clip, à savoir l’univers du « gangsta rap » - il n’y a aucun texte musical débité face caméra, mais le décorum autour de Clotaire et de sa clique, comme leur style vestimentaire ou leur mode de pensée, ne trompent pas. Cela accouche notamment d’un goût certain pour la violence physique, qui interroge : les coups portés, et ils sont nombreux, ont des conséquences – le sang dégouline -, mais ils ne font jamais mal, car la mise en scène de Gilles Lellouche, habituellement si prête à en faire beaucoup, regarde toujours assez pudiquement ailleurs au moment où les coups pleuvent. Ici, il n’y a absolument aucun inconfort à regarder le spectacle de la violence – on est loin des Affranchis de Martin Scorsese, influence évidente – et on consomme ce spectacle sans arrière-goût désagréable. Ce que l’on perçoit comme une facilité a pour conséquence de ne jamais brouiller l’identification du spectateur avec un héros violent fondamentalement problématique, sorte de bully devenu truand avant tout vu par le film comme une victime de sa condition sociale, de son environnement familiale – la relation au père -, de sa loyauté mal placée et, on le pense longtemps, de son destin.
On le pense longtemps, car le point nodal du script est une scène qui, à une vingtaine de minutes de la fin, rejoue le prologue du film, mais en version alternative. Cette séquence, qui évoque L’Impasse de Brian De Palma, est censée apporter un soulagement intense au spectateur de voir l’amour « ouf » se poursuivre, et germer complètement. Or, l’option choisie par le film, qui assure que l’amour triomphe de tous les obstacles - fait-on plus naïf ? -, interroge d’abord plus qu’elle ne soulage, puis déçoit plus qu’elle ne satisfait. Et le constat, implacable, tombe alors : L’amour ouf est un mauvais film.
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il y a 4 jours
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