« Personne s’en fout du regard des autres »

Lafontaine passe par des petits animaux mignons pour nous imposer sa morale de merde

Clotaire et Jacqueline tombent amoureux. Mais les mauvaises fréquentations de celui-ci menacent leur idylle.

L'Amour ouf de Gilles Lellouche se révèle être un spectacle cinématographique d'une ampleur rare, un véritable tumulte émotionnel. Ce grand chaos romanesque, scindé en deux parties, nous emporte dans une bluette adolescente façon film de banlieue, rappelant par moments La Haine, mais avec une touche de romantisme brut. Le film, porté par un battage publicitaire colossal, ne déçoit pas. On se laisse emporter par le rythme effréné du récit, sans jamais regarder le temps restant, tant l'histoire nous captive, malgré ses deux heures quarante et une conséquentes. L'héritage de Martin Scorsese se ressent dans la mise en scène énergique et le réalisme cru des scènes de gangstérisme. Le personnage principal, un loubard à l'ancienne, est incarné avec brio, et sa relation passionnée avec la lumineuse Adèle Exarchopoulos est d'une intensité bouleversante. Les embrassades au soleil couchant, les moments d'oaristys volés, tout concourt à créer une atmosphère de romance effrénée. Benoît Poelvoorde réalise une prestation de troubadour qui pousse même la chansonnette. Néanmoins, on peut déplorer la linéarité du récit, dont le caractère décelable peut parfois nuire à la surprise. Bref, malgré ce léger bémol, l’œuvre reste une expérience cinématographique inoubliable, une fresque romanesque et sociale d'une rare intensité.