Après avoir festoyé, une assemblée de bourgeois se retrouve dans le salon de leur hôte à écouter de la musique. C'est alors qu'un phénomène irrationnel -pourquoi pas une forme d'hystérie collective- les empêche de franchir le seuil de la pièce, pourtant sans obstacle.
Bien avant le francophone "Charme discret de la bourgeoisie", Luis Bunuel filme des bourgeois entre eux, des bourgeois inquiets devant une situation inattendue, absurde, et d'autant plus démunis que les domestiques -le peuple- les ont lâchés....Les convives, tels des naufragés ou des prisonniers emmurés, tentent de survivre et commencent à s'entredéchirer, laissant échapper leur vraie nature sous le vernis de la respectabilité. Progressivement, l'adversité et la promiscuité provoquent querelles et indignités. Les conventions et la fraternisation sociales ne sont plus de mise.
Au-delà de ses intentions surréalistes (une dame sort de son sac à main un poulet mort, un ours erre dans la maison, peut-être symbolique des angoisses bourgeoises), Bunuel semble décrire une classe arrogante et stérile, prisonnière de ses principes et croyances étriqués. Dans ce film, pas précisément fantaisiste, où les personnages sont un peu ternes et trop semblables, le dénouement inattendu, dans une église, réaffirme le propos du cinéaste de façon caustique et presque comique. Sans lever l'énigme du titre (sauf à s'informer sur internet!).