L'Ange exterminateur par J. Z. D.
En regardant ses domestiques qui complotent leur désertion d'un manoir bourgeois de Mexico, on sait tout de suite qu'il se passe quelque chose d'étrange ; une ombre passe, malveillante, signe avant coureur. On passe.
De riches notables mangent, et rient ; les discussions sont grandioses, drôles, cyniques, noires, et nos chers bourgeois boivent avec plaisir servis à table par. Tiens, par personne. Ou sont-ils ces domestiques. Appelez-les très chère. Mais non, rien, personne ne vient. Et si on allait les chercher ?
Un doute se glisse. Peut-on vraiment y aller ? Personne n'est entré dans cette pièce depuis des heures. Personne n'en est sorti. N'est-ce pas un signe ? Certains, qui savaient, avaient démissionné dès le matin, les autres se sont enfuis au dernier moment.
Que faire, donc ? Attendre ? Sans doute. Mais la paranoïa se glisse, se transforme en une peur intense que rien n'efface. Un étrange camping s'installe dans la salle à manger, terrorisé par l'impossibilité de quitter les lieux pour appeler des secours.
Buñuel s'amuse, comme souvent et nous aussi ; on jouit avec calme des dialogues, des situations, de cette peur innommable et de ce scénario totalement fou !