Là-bas à Marienbad
Le temps voyage entre deux présents
Les murs respirent
Et les statues observent.
Quelques fantômes de marbre hantent le somptueux château
Murmurent des mots silencieux.
Des baisers suspendus au bout des lèvres se balancent
Jamais donnés, jamais reçus.
A travers les couloirs infinis d’arbres et de granite
Un cygne au plumage noir étoilé
Valse dans les bras d’un cygne blanc mort
Dont les ailes battent encore.
Encore et encore
Les lumières éclatantes transpercent les rideaux de soie
Où l’ombre des amours gâchées aime se retrancher.
Dans ces jardins
L’eau glacée des grands bassins fait fleurir des âmes
Amoureuses dès leur premier matin.
Dans ces jardins, lorsque s’endort la nuit
Les pas d’un couple déchiré résonnent à jamais contre la pierre.
Là-bas à Marienbad
Il y a des vies et des vies qui se répètent
Sur la musique d’un orgue éternel.