L’histoire se déroule dans un immense hôtel de luxe. Un homme tente de convaincre une femme qu’ils se sont déjà rencontrés et ont eu une liaison, un an auparavant, à Marienbad. Elle nie les faits, il insiste.
Alain Resnais semble calquer son expression cinématographique sur les schémas de l’art dit baroque : déconstruction de la temporalité, grande place accordée au mouvement, à la courbe, aux répétitions… L’ouverture du film met directement le spectateur dans l’ambiance particulière recherchée : la voix off d’un homme, à l’accent légèrement italien, répète inlassablement une description de l’hôtel, comme une litanie, alors que la camera semble devenir elle-même un personnage, découvrant simultanément les décors somptueux du lieu. Tourné principalement en Bavière dans une architecture baroque surchargée, qui participe à la fois au climat du film et à son esthétique, L’année dernière à Marienbad brise tous les codes de lecture classiques d’une oeuvre cinématographique.
Le temps n’est plus linéaire, plus le film avance et moins le spectateur parvient à identifier aisément si ce qu’il voit est fiction ou réalité, présent, passé ou futur. Tous les éléments semblent liés, imbriqués entre eux, comme un puzzle dont on ne parvient pourtant pas à assembler les pièces. Un orgue retentit en permanence, les personnages sont figés, les dialogues insensés : tout est mis au service d’une théâtralité exacerbée. Le doute est croissant, le spectateur ne sait plus qui croire. Les personnages non plus d’ailleurs. Se sont-ils vraiment rencontrés l’année dernière ?
Ne regardez pas ce film si vous cherchez de l’action ou une véritable histoire. Ici, c’est à vous de l’imaginer, vous êtes le dernier acteur du tableau. L’année dernière à Marienbad est un film à l’esthétique frappante, qui touche au sublime. Il hypnotise le spectateur. Laissez-vous entrainer, au son des orgues, dans ce labyrinthe sinueux dont il sera difficile de vous échapper.
Ma critique dans son intégralité ici.