J’étais loin d’imaginer l’énorme travail fourni pour incarner Buck à l’écran. Pour se passer des images de synthèse il aurait fallu un surchien capable de jouer le rôle de Buck. Non seulement un chien acteur de haut vol mais aussi un chien cascadeur accompli. Alors qui est derrière ce Buck en images de synthèse ?
Dans le livre de Jack London, Buck est un croisement entre un Saint-bernard et une chienne Colley. Ryann Stafford, le producteur en effets visuels, et Erik Nash, le superviseur d’effets visuels (3 nominations aux Oscars) ont d’abord choisi un Bouvier Bernois comme référence d’éclairage. Le chien était scanné puis recréé numériquement. Jugeant le résultat insuffisant ils ont ensuite utilisé un autre chien, croisement de Saint-bernard et de Berger, qui se rapprochait idéalement du Buck de Jack London.
L’intelligence d’Erwin Stoff, le producteur du film, fut de faire appel à Terry Notary. Terry a travaillé pour le cirque du soleil et sur la nouvelle trilogie de « la planète des singes » Il est un des plus grands, si ce n’est le plus grand spécialiste de la chorégraphie et de la gestuelle animale. Il a passé des jours et des jours à étudier le comportement des animaux. Il faut savoir que lorsqu’un acteur réel doit jouer face à un acteur de synthèse, ce dernier est représenté par une balle de tennis. Le coup de génie de Terry Notary fut de proposer de jouer lui-même le rôle de Buck, le chien héro du film. C’est ainsi qu’il se retrouva à quatre pattes, déguisé en chien, pour donner la réplique aux autres acteurs. A ce sujet le producteur du film affirme que Terry joua un portrait canin si habité qu’il a grandement amélioré les performances des autres acteurs. Quant au réalisateur, Chris Sanders, il n’hésite pas à avancer que « Ce qu’il accomplissait était aussi incroyablement exigeant physiquement, il a dépassé sa physiologie humaine » C’est un film hybride entre prises de vue réelles et images de synthèse. Alors oui, c’est vrai, les images de synthèse ne sont pas parfaites mais qu’importe, personnellement ça n’a pas gâché mon plaisir, au bout de 5 minutes j’ai complètement oublié que Buck n’était pas réel.
Enlevé par des malfrats, Buck, un énorme chien Saint-bernard, passe du doux embourgeoisement californien à la rigueur du climat du Yukon, dans le Nord-Ouest du Canada, territoire sauvage, dangereux et montagneux. D'abord chien de traîneau pour livrer les plis postaux, il devient vite le chef de meute sous les ordres de Perrault joué par Omar Sy, et de Mercedes jouée par Karen Gillan, duo attachant. Leur performance est à noter favorablement. Une nuit, dans ce désert de glace, lui apparaît son guide cosmique, un grand loup noir aux yeux incandescents qui, d’apparition en apparition, ne le quittera plus du film. Entre autres actes de bravoure Buck mène le traîneau à travers une avalanche et sauve chiens et humains d’une mort certaine, il plonge dans les eaux glaciales d’un fleuve gelé pour sauver Mercedes. Malheureusement pour la joyeuse bande tout s’arrête quand apparaît le télégraphe moyen technique plus sûr et plus rapide pour correspondre dans ces vastes contrées, lointaines et enneigées.
C’est la ruée vers l’or. La meute est rachetée par Hal, dandy débile, chercheur d’or sans scrupule croisement entre l’idiot et la crapule. Après maintes péripéties c’est John, excellemment joué par Harrison Ford, qui hérite de Buck. John a perdu son fils, il est venu se perdre dans cette ville champignon du Yukon. Il noie son immense chagrin dans le whisky. Buck n’est pas du tout d’accord et finira par sauver John de l’alcoolisme. Du coup ils partent tous les deux plein d’entrain au-delà des cartes comme le rêvait le fils de John. John retape une vieille cabane délabrée. Dans la rivière qui coule, pas loin de leur baraque, ils trouvent de l’or, beaucoup d’or. Pendant ce temps Buck se lie d’amitié avec une belle louve grise et après avoir sauvé un des loups de la meute, il est accepté par celle-ci. Buck passe plus de temps avec les loups et sa dulcinée qu’avec John. Et c’est là que resurgit Hal, le gredin qui en avait après John. Buck jette Hal dans les flammes de la cabane en feu mais ne peut éviter la mort à John grièvement blessé par Hal. Buck s’en va pour de bon avec ses potes les loups et son amoureuse, la louve grise. Ils fonderont une très grande famille, une nouvelle race de loups.
Un bon divertissement qui m’a donné envie de lire le livre de Jack London, « The call of the wild » Si vous jouez de l’harmonica et qu’un chien vous accompagne sachez qu’il est de bon ton de la lui faire lécher pour mieux en jouer. C’est le rituel qui s’était établi entre Buck et John. Pour ma part j’ai passé un agréable moment dans cette salle de cinéma où nous étions une trentaine de personnes à être regroupées dans les fauteuils du haut de la salle. Le bas étant désespérément vide. Il s’est établi une véritable complicité entre nous. Je me sentais bien, à ma place parmi ces amoureux des chiens.