En ce moment mon cinéma de quartier propose une rétrospective Eric Rohmer, j'en profite pour faire du rattrapage. Aujourd'hui j'ai vu L'Arbre, le Maire et la Médiathèque, qui m'a beaucoup intrigué et, pour finir, bien plu.
L'histoire est simple :
le maire d'une minuscule commune en Vendée projette de construire un complexe sportif et culturel. Mais, d'ici la fin du récit, le projet coule.
Entre le début et la fin, beaucoup de conversations, et beaucoup de personnages.
Il n'était pas nécessaire de faire aussi long pour raconter une histoire aussi simple, et pourtant, le film est ainsi constitué : alors, qu'est-ce qui intéresse Rohmer dans ce qu'il nous présente ? Je ne suis pas dans sa tête, alors je vais plutôt répondre à la question : qu'est-ce qui m'a intéressé, en tant que spectacteur ?
Personnellement, je retiens surtout les propos tenus à propos de la campagne. Qu'est-ce que c'est la campagne ? Qu'est-ce qu'elle est de nos jours ? Sans la paysannerie, la campagne est-elle destinée à devenir un espace urbanisé comme un autre, en un peu plus vert ? Une médiathèque à la campagne, ça dit quoi ?
Ce qui m'a intéressé aussi dans le film, c'est aussi d'écouter les considérations portées sur l'écologie à l'aune des connaissances de 2019… c'est assez étonnant.
Ma partie préférée du récit, c'est sans aucun doute le travail d'interview des villageois par la journaliste, lorsqu'elle prépare son article. C'est passionnant sur la transformation des campagnes et du monde, justement. Tout à coup, on n'est plus du tout dans la fiction, on est dans le documentaire.
C'est un drôle de film, qui propose une fiction mais qui est en fait pleine de sociologie, et de réflexion sur les transformations du monde suite au progrès technique : à aucun moment le réchauffement climatique n'est évoqué, il faut croire que le problème n'était pas encore clair pour le grand public de l'époque, mais on sent que le problème est tout de même pressenti.
La scène où la petite Zoé se confronte au maire est aussi formidable.
Le film est bavard, constitue son récit de la manière la moins directe possible, mais il dit pas mal de choses.