Les dernières œuvres du vieil artiste ont une sûreté dans la forme de l'art. Tout est contrôlé dans cet univers qui prend le parti de l'irréel.
Ce qui choque le plus chez Bresson, ce sont les dialogues simplement textuels, inhumains, récités presque sans jeu. Le manque de jeu des acteurs est la suprématie du réalisateur -- ce vieux janséniste qui porte une dernière expression sur le mal dans le monde. L'absence totale de sentiment rend un film froid, apathique, non pas dans la mollesse, mais dans la rétention des sentiments, ils sont bloqués quelque part, peut-être en l'acteur, le réalisateur ou la caméra...
L'apathie suit néanmoins le vol, la parole, les mains, les regards, les actes, le tribunal, les passants, les autorités, jusqu'au meurtre. Tout y passe dans cette vague de froid qui donne de la mauvaiseté au spectateur, c'est-à-dire cet être ne cherchant que l'émotion, les larmes ou le rire, la haine ou l'amour. Rien de tout cela, jusqu'à l'arrestation finale qui rassemble le monde, qui attire le monde et ne mérite même pas un bandeau permettant de bien définir la FIN.
L'abandon des sentiment, c'est bien le dernier acte de ce vieil artiste. Qu'est-ce qu'il reste ? La miséricorde, la misanthropie, un peu d'amour, un Dieu absent pour un monde qui roule sans lui, dans tous ses vices, sous la fenêtre parisienne du cinéaste.