"L'argent des autres" est une réflexion brutale sur la finance et sur le travail (celui des cadres du moins) que Christian de Chalonge développe au moyen d'un exercice de style glacial. Les décors sont ici déshumanisés, inadaptés à l'individu, les personnages sont des hommes en noir, hagards et comme résignés.. En ce sens, le film rappelle l'esprit de "Malevil" ou du "Docteur Petiot" du même de Chalonge. Les partis-pris de mise en scène, où l'austérité rejoint une certaine forme d'ésotérisme, visent à signifier l'incroyable cynisme de l'univers obscur de la finance.
Jean-Louis Trintignant, cadre bancaire, devient la victime expiatoire d'un scandale financier et découvre brusquement l'envers du décor, la corruption de sa hiérarchie (dont le président, Michel Serrault, aussi rigoureux qu'inquiétant), le diabolique réalisme des affaires et, parallèlement, la réalité du chômage que d'ineptes et humiliants entretiens d'embauche contribuent à rendre plus pénible encore. Secondairement, le film est aussi une nouvelle illustration du pot de terre contre le pot de fer, évoquée sans manichéisme ni passion, qui mesure une fois encore la faiblesse et les limites de l'homme seul face à l'institution.