On a beau avoir un énorme capital sympathie pour les deux immenses acteurs que sont Helen Mirren et Ian McKellen et être passablement excité de les voir réunis pour la première fois sur grand écran, on ne peut s’empêcher de pester que ce soit dans une production de ce calibre. Un film raté dans les grandes lignes qui ne fait jamais honneur au talent de ces deux grands comédiens anglais. Pourtant, cette histoire de manipulation, de faux-semblants et d’escroquerie avait tout pour plaire tant les thrillers adultes et posés de qualité sont rares sur les écrans. Les deux acteurs sont certes bons et semblent s’amuser comme des jeunes premiers dans ce long-métrage mais il n’en est pas de même pour le spectateur, qui se demande comment ils ont pu accepter de tourner dans une telle histoire. On attend donc patiemment que ce thriller du troisième âge au rythme pachydermique se termine pour l’oublier aussi vite.
Le long-métrage de Bill Condon, qui n’a plus rien réalisé de bien depuis très longtemps, se contente de dérouler son histoire de la manière la plus plate possible. Il propose une réalisation mollassonne et paresseuse qui manque sacrément de piquant et ne sait pas mettre ses acteurs et lieux de tournage en avant. Paradoxalement, le film passe relativement vite car on veut tout de même connaître le fin mot de l’histoire et savoir ce qu’elle réserve de surprises en tous genres. Mais, las, même la révélation finale n’est pas à la hauteur, emprisonnée comme le reste de l’intrigue dans un immense océan d’invraisemblances. Même si on est tolérants face aux facilités de scénario, aux incongruités de toutes sortes et rebondissements improbables, il est clairement impossible d’accorder un tant soit peu de crédibilité à cette histoire de vengeance et de manipulation.
D’un meurtre dans le métro aux arnaques du personnage joué par McKellen, rien ne semble possible et logique dans ce scénario pourtant adapté d’un roman. Et lorsque, à mi-chemin du long-métrage, l’histoire se téléporte à Berlin et commencent des flash-backs du passé, le peu d’intérêt qu’on accordait au film s’écroule comme un château de cartes. Difficile d’en dire plus sans déflorer les surprises du script mais tout cela n’a pas de sens, ni dans les motivations des personnages, ni dans la faisabilité de leurs actes. Et on a rarement vu des séquences du passé trancher autant que celles de « L’art du mensonge » avec le reste. Elles sonnent faux et s’imbriquent mal, visuellement comme narrativement, avec l’intrigue. On a l’impression de voir deux films différents. Alors quand celles-ci sont censées éclairer les faits et les agissements des deux protagonistes, on vous laisse deviner de la pertinence de l’ensemble. Et comme le disait Hitchcock, un bon film c’est avant tout un bon scénario. Ce qui, vous l’aurez donc compris, est tout sauf le cas ici. CQFD.
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