Film adapté d'un roman, Taylor Hackford et ses scénaristes exploitent à merveille cette idée de situer le mal et Satan dans le monde du droit et chez les avocats. A travers les deux personnages du jeune avocat sudiste Keanu Reeves (aka Kevin Lomacks) et d'Al Pacino (aka Satan/John Milton), Taylor Hackford veut dénoncer les perversions narcissiques de la justice et des avocats, tous imbus de leur personne et plus attachés à monter en grade qu'à défendre les victimes. Ici l’image de la justice est mise terriblement à mal, vous pouvez balayer d'un trait l'image d'une justice juste et humaniste qui défendrait la victime contre son agresseur. Non, ici tout est au service de l’argent, la malice, le cynisme et la vanité ... le mal absolu, en quelque sorte !
Keanu Reeves est donc le personnage auquel on s'identifie, jeune avocat qui a toute la vie devant lui et promis à une belle carrière ... seulement s'il fait les bons choix. Face à lui, pour incarner Satan, c'est Al "fucking" Pacino qui s'y colle. On ne présente plus ce monstre sacré du cinéma américain, peut-être bien le plus grand de tous (c'est profondément ce que je pense). C'est peut-être bien ici le rôle de sa vie, la meilleure prestation de toute sa carrière (et quelle carrière). Il est tout simplement flamboyant en figure du mal absolu, déployant une énergie folle, pleine de panache et d'une virtuosité rarement vue dans ce genre de rôle vraiment casse-gueule (aka Robert De Niro dans Angel Heart). C'est juste jubilatoire de l'observer dans ses petites mimiques diaboliques, dans ses tirades à l'humour noire, sa ruse constante et sa prestance naturelle. C'est clairement lui qui porte tout le film ses épaules.
Connie Nielsen et Charlize Theron sont quant à elles les deux atouts féminins du film et quel splendides atouts. Charlize Theron est la femme idéale pour Kevin Lomacks, belle, jeune, brillante et avec de l'ambition. Tous deux forment le couple parfait, l'un à l'image de l'autre. La sincère affection que porte Kevin Lomacks à elle, sera le point faible exploité par John Milton pour l'atteindre et l'attirer à lui. Il lui fera subir d'intense douleurs psychologiques et physiques, Charlize Theron jouant parfaitement les deux facettes de son personnage, d'abord pleine de vie, puis qui sombre peu à peu dans la folie. Quant à Connie Nielsen elle incarne la femme séductrice absolue et diabolique, à la plastique irréprochable et à qui il serait impossible de résister ... le mal absolu(e), encore une fois !
On ne s'ennuie pas une seule seconde pendant les 2h10 du film, dont l'écriture, la construction des plan et l'interprétation ne souffrent d'aucun défaut. Le film monte littéralement en puissance jusqu'au dénouement final qui va en souffler plus d'un. Non vraiment, avec L'Associé du Diable on frôle la perfection et au final c'est un film qui s'avère être terriblement envoutant !