My dinner with John Milius

Oui lecteur assidu de mes critiques déposées de manière aléatoire sur cette plateforme encore plus aléatoire qu'est SensCritique. Oui, il m'arrive de manger. Mais comme il s'agit d'une étape longue et parfois assommante, j'en profite parfois pour convoquer mes connaissances les plus excentriques afin d'être sûr de ne pas m'emmerder à table entre deux plats.
Comme j'étais d'humeur querelleuse et que ma queue ralait à l'idée d'inviter Béatrice et devoir attendre qu'elle finisse son veau marengo avant d'entamer le dessert, je décidais d'inviter plutôt John Milius.
Ah, ce bon vieux John Milius. Quel fou de guerre a pû réaliser de meilleures pubs pour l'armée Américaine? Une telle efficacité ne se retrouve guère que chez Alexandre Arcady à la demande du vendeur de falafels d'en bas de chez lui.
Il s'installa, je m'installai. Nous commençâmes à manger puis comme tout un chacun, lorsque le seul bruit qui rompe le silence est l'aspiration grotesque du contenu d'une cuillerée à soupe, ben je finis par m'emmerder. Je pris donc l'initiative de rompre la glace:
"_Dis donc. J'ai regardé l'Aube Rouge récemment. Qu'est ce que c'est tarte !
_Comment ça tarte?
_Ben tu sais l'histoire tout ça. Un film de guerre pour ados. Rien à faire ça me parle pas.
_Si t'avais vu l'histoire qu'on m'avait refilé. Une histoire de scouts qui se foutent sur la gueule. Moi je leur ai dit aux prods: << 'tention les mecs ! Je fais pas du film Français !!! Eux ils ont ptet l'habitude de voir leur spectateurs sortir de salle avant le générique de fin, mais moi c'est hors de question >>.
_Qu'est ce que ça avait de mal comme pitch ? Nous on a bien "La guerre des boutons".
_Oui mais justement. Nous on est ricains mon gros Pat'. Ce que notre spectateur il veut c'est de l'héroïsme, il veut des tripes, du sang. Il veut pas d'un connard en collants en train chanter la misère sociale sur les toits de Paris.
_Qu'il la chante à Roubaix alors. Non mais pour de l'héroïsme déjà faut des héros. Je me rappelle pas d'un seul nom des protagonistes.
_Parce qu'ils ont des prénoms ces connards? Non non tu confonds tout là. Un héros c'est pas une personne, mon gros nez, c'est un symbole. Un symbole ça n'a pas de prénom.
_Marianne?
_Nom de pute ça. Je sais pas ce que ça représente mais ça ne me plait pas des masses.
_Passons. Mais quand même foutre des armes entre les mains de persos aussi jeunes... Je sais pas, je suis pas fan.
_Quand le Britton l'a fait pour son faux film de super-héros c'est très bien passé.
_Ah oui, oui mais lui en même temps il avait des idées. Regarde: jte colle une ptite blonde de 8 ans en tenue sexy d'écolière en train de dézinguer du gonze de 40 berges et ça fait du second degré. Toi tu nous prends des gamins de 15 à 17 ans et t'en fais rien. C'est pour ça qu'il est fort le Britton.
_Oui mais moi j'étais pas là pour rincer l'oeil du pays. J'avais un message goddamn son of a bitch.
_Et ben voilà. Quand on a un message qui n'est pas de gauche on ne fait pas de cinéma. C'est l'échec assuré.
_Vous n'avez pas de cinéaste qui ne soit pas de gauche?
_Et ben non mon gros père. Ou plutôt si. Enfin c'est compliqué, en France si tu veux faire du cinoche soit t'es de gauche soit tu as des amis. Regarde Alain Resnais, ben il est de gauche. Regarde Olivier Baroux de Kad & O, ben il a des amis..."