Kaurismaki donne à voir dans ce chassé croisé d'êtres invraisemblables, un exercice de style parfois un peu lourd et figé, proche de la pantomime, mais que l'humour et l'ironie transcendent.
Fallait oser faire errer un réfugié échappé d'Alep, comme un pierrot lunaire sorti de nulle part, récupéré à la culotte par un marchand de chemises un peu tarte, hâtivement recyclé en restaurateur, guilleret de larguer au passage sa blonde sur le retour d'âge, hérissée de bigoudis.
Dans une ambiance obscure, industrieuse comme il sait bien l'incarner, en la filmant délicatement, il colore ce drame plutôt attendu, d'un look ouaté de fable et de BD, pour éviter que la moraline inonde le tout dans une mièvrerie insupportable.
On en sort avec une impression de rêve et cauchemar.