Film silencieux et discret, tant dans la scénographie que dans l’enchaînement des actions (peu clinquantes).
Nous est représenté un drame, celui d’être confrontée soudainement à un impératif : abandonner une vie construite, pierre après pierre, souvenir après souvenir. Mais ce drame est doux. Lenteur et langueur s’entrelacent.
Si les dialogues correspondent parfois un peu trop aux archétypes du cinéma français — dans le genre exhibition d’une forme d’intellect à laquelle, par ailleurs, on est plus ou moins sensible (même écueil peut-être dans Un Amour de jeunesse) — on en éprouve pas moins une sorte de sentiment nostalgique (un peu cinéma type Nouvelle Vague?) qu’on retrouve rarement de nos jours mais qui fait du bien. Le tout est en plus remarquablement interprété par Isabelle Huppert. Des cadres particuliers, accompagnés d’une bande son d’une grande qualité, viennent illuminer l’ensemble et donner à cette représentation dun quotidien des plus banalement cruels une certaine magie (scène dans la voiture quand son mari la ramène à la gare pour rentrer à Paris...dans le Vercors). Et puis le fragment des Pensées de Pascal...quel délice !
C’est donc un drame qui, pour silencieux qu’il soit, n’en conserve pas moins la force de l’indicible.