Isabelle Huppert n'est jamais aussi convaincante que lorsqu'elle s'inscrit dans la quotidienneté. Elle est la girl next door, la femme croisée dans l'autobus, une épicière, une prof de philo. Sa capacité de caméléon alors à son maximum lui permet d'incarner tête et corps le personnage qu'on lui propose de jouer.
Elle est donc Nathalie, prof de philo parisienne mariée à un prof de philo qu'elle a connu étudiante, fille dévouée à une mère dépressive, mère de deux enfants, intellectuelle passionnée gardant des relations avec ses anciens élèves, ayant pour seul combat celui d'enseigner. Compétente, installée dans un quotidien ronronnant, elle va devoir faire avec une liberté qui lui est donnée malgré elle.
L'avenir est donc l'histoire de quelques années de cette femme qui dit que tout va bien alors que tout est bouleversé. C'est un film aussi classique que simple, sérieusement construit, ménageant quelques belles séquences (Nathalie et son fils, Nathalie et sa mère), quelques moments drôles, tous toujours justes et construisant un récit dont le sujet central est la transmission.
On retrouve ainsi la thématique du beau Mia madre, dans cette manière douce et non spectaculaire d'aborder un épisode de vie, nouvel apprentissage inscrit dans un mouvement continu, l'avenir étant ce qui advient, ce qui va advenir.
Si L'avenir ne marquera pas durablement les esprits, il a l'humilité de ne rien vouloir révolutionner. Intelligent et juste, porté par un casting homogène et crédible (Roman Kolinka plutôt bon avec un personnage à peine sympathique), le nouveau film de Mia Hansen-Løve se regarde comme on lit un roman de vacances, avec intérêt et détachement.