J'y vais de mon petit hommage au grand Gene Hackman en me décidant enfin à sortir de mon interminable PAV (Pile À Voir !) un long-métrage, pourtant très connu, que je n'avais jamais eu l'idée de visionner jusqu'ici, L'Aventure du Poséidon. Œuvre qui confirmait, après sa performance magnétique oscarisée dans The French Connection, le statut de star de premier plan du Monsieur. Au revoir, l'artiste, et merci pour tout.


Cette œuvre est la deuxième d'une série officieuse de films ayant débuté en 1970, avec le médiocre Airport, qui souffre d'un manque de tension (alors que le sujet est quand même la possible exécution d'un attentat à la bombe dans un avion civil !), enseveli par de multiples et bavardes intrigues sentimentales, trop téléphonées pour être autres qu'ennuyeuses, et une mise en scène techniquement vieillotte. Il n'empêche, ça a été un immense succès au box office, qui a lancé la mode de films catastrophes, se concentrant sur un groupe de personnages, incarnés le plus souvent par un casting prestigieux.


Il y a eu quelques pépites, plus que dignes d'intérêt, à l'instar de La Tour Infernale, mais surtout un beau lot de grosses merdasses, au fur et à mesure que la décennie avançait, avec des scénarios ainsi que des réalisations de plus en plus nazes et des recettes de moins en moins généreuses. Tout un symbole, les années 1980 ont débuté par l'hilarant Airplane! qui parodiait sans la plus pitié tous les clichés de ce type de films (même si la base scénaristique principalement moquée est une série B de la seconde moitié des années 1950 !), plantant le dernier clou dans le cercueil.


L'Aventure du Poséidon, en dépit de quelques gros défauts, sur lesquels je vais revenir, est, de cette mode éphémère, un bon représentant, qui a encore sacrément de la gueule aujourd'hui, grâce à ses qualités techniques incontestables.


Bon, la près d'une demi-heure d'exposition, avant que la gentille grosse vague retourne le bateau, n'est pas terrible, notamment à cause de ses dialogues dénués de naturel. Des dialogues dénués de naturel, car balançant des infos pas exposées d'une manière détournée et un minimum subtile, ayant pour but de faire bien comprendre aux spectateurs qui ils sont et pourquoi ils sont là, puisque les personnages le disent directement, alors qu'ils sont le plus souvent montrés entre eux, dans leur intimité (donc ils se disent des infos, les concernant personnellement, qu'ils connaissent déjà eux-mêmes, qu'ils n'ont pas besoin de se donner, ce qui n'a aucune logique !). Au minimum, la présence d'une personne extérieure qui, comme les spectateurs, ne sait rien jusqu'ici de ces personnages, auraient pu justifier que ces derniers déblatèrent, sans détour, sur qui ils sont et pourquoi ils sont là. Ce qui a pour conséquence qu'on a le droit à des trucs nuls comme "oh, toi qui es ma femme, avec qui je suis sur ce paquebot parce que l'on va en Israël pour revoir les petits enfants".


En outre, on doit se taper, durant cette même introduction, un véritable gamin tête-à-claques (qui a une utilité incontestable et qui, heureusement, est moins gênant par la suite !) et une chanson insipide, dégoulinant de kitsch (ils avaient fumé quoi les membres de l'Académie des Oscar pour refiler une récompense à une telle purge auditive !). Par contre, toujours à propos de la musique, John Williams assure grave avec une BO mémorable, qui concourt à bien instaurer une atmosphère angoissante.


Une fois que Leslie Nielsen n'arrive pas à sauver le navire (ce même acteur qui a commencé à prendre un tournant résolument parodique, dans sa carrière ciné, avec Airplane!... la boucle est bouclée !), les choses sérieuses et intenses débutent heureusement pour les spectateurs et malheureusement pour les personnages.


Si je regrette juste quelques questionnements moraux traités trop brièvement pour ne pas paraître superficiels, donc inutiles, le reste en jette pas mal. En effet, la distribution cinq étoiles cabotine un brin, mais fait le job (Gene Hackman, Shelley Winters, Stella Stevens et Ernest Borgnine en tête ; la très physiquement avantagée Pamela Sue Martin, quant à elle, dégage énormément de sensualité !). Et les effets visuels, le montage, les décors, les costumes (se détériorant progressivement pendant que nos naufragés remontent vers la surface !) achèvent de rendre le tout crédible, en instaurant une impression de danger permanent, qui peut débarquer de n'importe où et toucher n'importe qui à n'importe moment. Bref, un divertissement efficace qui donne envie de prendre l'avion.





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