- La ville n'est pas très accueillante.
- À votre place je la quitterai au plus vite.
- C'était Roy Agry que vous avez frappé, monsieur.
- Y as-t-il quelqu'un ici qui ne s'appelle pas Agry ?
- Allez-vous-en, senior.
- En attendant le steak, je veux une bouteille, celle-là.
- Non mais...
- Que je ne broierai pas, j'emporterai. Combien ?
- 10 dollars.
- Et le steak ?
- 10 dollars.
- C'est une chance que je ne reste pas longtemps ici. C'est une ville au prix unique de 10 dollars.
L'Aventurier du Texas est un des 7 fameux westerns que le réalisateur Budd Boetticher a réalisés avec l'acteur principal Randolph Scott. Un duo efficace qui à maintes reprises a fait des merveilles mais qui ici livre une de leurs plus faibles collaborations. Avec L'Aventurier du Texas adapté du roman de Jonas Ward, le cinéaste présente une série B qui mise sur un ton léger et quelque peu parodique qui laisse beaucoup de place à l’humour et dans lequel Randolph Scott apparaît du début à la fin souriant et insouciant empêchant toute gravité d'être pris pleinement au sérieux. Et c'est bien là tout le problème. Le récit n'a pas la profondeur qui caractérise le cinéma de Boetticher ce qui est dommage au vu du sujet traité avec la corruption, le vice et la jalousie généré par l'argent.
L'argent que diabolisent certains hommes tant il change la facette de ceux voulant par tous les moyens l'acquérir, empêchant finalement tout homme d'être vertueux. Le code moral n'est plus respecté, la prédation et la contrainte généralisant la convoitise et le pouvoir étant élevé au-dessus des règles. L'appât du gain au-dessus des lois, au-dessus de toute morale, dont personne ne semble pouvoir se soustraire, pas même le personnage principal. Avec un tel sujet ce western avait la capacité de présenter un contraste difficile et malsain, malheureusement au lieu de présenter les tons tendus auxquels Budd Boetticher nous a habitué, il fait appel à un côté gai et humoristique qui ne colle pas vraiment avec le sujet, empêchant ainsi le récit d'être pleinement épanouis. Il ne fait aucun doute qu'à travers une atmosphère plus sombre et dramatiquement fouillée dans la psychologie des personnages on aurait pu avoir un grand western.
Heureusement le scénario possède aussi un rythme soutenu présentant une histoire intéressante et divertissante par moments drôles telle une balade amusante qui délivre plusieurs morales appréciables mais qui ne parvient jamais à être à la hauteur du sujet. Boetticher use efficacement de la caméra à travers une mise en scène de qualité, enrichis par une photographie sobre et impeccable. La musique s'adapte bien à l'image, ayant de la présence pour enrichir les diverses séquences mais n'étant jamais suffisante pour marquer l'esprit. On retrouve une série de péripéties et de rebondissements plutôt sage mais heureusement divertissante, notamment sur la confrontation finale autour du pont. Quelques séquences sont également assez ridicules, comme lorsque Tom Buchanan (Randolph Scott) après avoir délivré Juan de la Vega (Manuel Rojas) avec l'aide de Pecos Hill (L. Q. Jones), laisse sans surveillance 3 hommes du shérif ligotés à rien du tout, avec leurs armes chargées posées sur la table juste à côté d'eux. Bien entendu, ceux-ci coupent leurs liens, s'évadent de la maison de campagne avec les armes pour mieux surprendre Buchanan, Pecos et Juan, les faisant prisonnier tout en abattant un des trois au passage.
Randolph Scott sous les traits de Tom Buchanan incarne un cow-boy solitaire ancien mercenaire ayant participé à la révolution mexicaine qui aujourd'hui après avoir mis 2000 dollars de côté n'aspire plus qu'à vivre en paix, loin de toute tuerie dans son bon vieux Texas. Pour incarner ce personnage, Randolph Scott fait preuve d'une décontraction apparente, arborant un grand sourire qu'il ne quitte presque jamais, lui conférant un air très sympathique. Toujours aussi charismatique même si j'aurai apprécié de le voir un peu moins impassible dans ce rôle. Le reste de la distribution est tout à fait satisfaisante, offrant des performances supérieures à la moyenne même si elles ne se démarquent jamais vraiment les unes des autres. Les antagonistes ont des belles gueules de ripoux qui vendraient père et mère pour se faire de l'argent.
CONCLUSION :
L'Aventurier du Texas de Budd Boetticher une nouvelle fois accompagné du charismatique comédien Randolph Scott, n'est pas un mauvais western, seulement il passe complètement à côté de son potentiel. Bien qu'amusant à regarder, on ne peut que regretter de s'enticher d'un western de série B qui avait la capacité pour être bien plus.
Sympa, mais pouvait cependant mieux faire.