Seconde fois que je vois ce film, seconde fois que je suis complètement perdu et surtout seconde fois que je me dis que je ne le regarderai plus jamais tant il est marquant psychologiquement. Curieusement réalisé par Adrian Lyne et sorti en 1990, c'est en effet un film qui, quoi que l'on n'en pense, ne laisse pas indifférent. Que ce soit par son ambiance crasse ou ses visuels body horror très déstabilisants (et qui peuvent par ailleurs être véritablement effrayants), on sort forcément de cette expérience marqués par le film ! Je reviens rapidement sur le "curieusement" car le réalisateur, dont j'affectionne d'ailleurs particulièrement le travail, nous a habitué à des films musicaux ou des thrillers érotiques, le seul faisant exception à la règle étant celui-ci, se situant réellement dans l'horreur psychologique la plus pure. On est effectivement ici dans quelque chose de très tortueux et de très travaillé qui va constamment chercher à perdre son spectateur mais surtout, vous l'aurez compris, à le mettre mal à l'aise. Ainsi, on ne reconnait pas très bien la patte du réalisateur (mis-à-part sa passion pour l'eau) qui en profite ici pour s'aventurer là il n'est jamais allé, là où il n'a finalement jamais pu aller. Le réalisateur créer ainsi une ambiance ultra-dérangeante même dans des moments les plus simples de la vie quotidienne du héros : dans ce New-York sale et morose, il y a toujours quelque-chose de dérangeant, on ne sait pas vraiment quoi mais on reste toujours sur nos gardes, à l'image du personnage principal. C'est tout à fait le genre de film où il faut être bien préparé avant de le voir car il nous demande beaucoup d'attention ; c'est aussi le genre de film qu'il faut, je pense, regarder plusieurs fois pour, d'une part, pouvoir le voir sous différents angles qui sont autant intéressants les uns que les autres mais aussi pour y repérer tous les petits détails qui orientent vers le fameux twist. Car, oui, encore une fois, rien n'est laissé au hasard, du titre aux prénoms des personnages, tout est pensé et travaillé. La trame ne nous laisse pas le temps de respirer car déjà c'est oppressant et même si le film joue parfois sur la lenteur, nous sommes tellement happés par ce qu'il nous présente que l'on veut absolument savoir la suite des choses, même en le revisionnant (mon esprit avait effacé une bonne partie du film, je l'avoue). Du côté des acteurs, nous avons Tim Robbins qui excelle dans son personnage mais également, entre autres, Elizabeth Peña, Ving Rhames, Danny Aiello, Macaulay Culkin etc. qui jouent très bien. "L'Échelle de Jacob" fait donc partie de ces films particulièrement marquants dont on n'est pas prêt d'en oublier l'expérience.