Un couple qui ne s'aime plus. Mais qui n'a pas d'autres solutions que de continuer à vivre sous le même toit. Elle, ne veut pas quitter sa maison. Lui, n'a pas assez d'argent pour se trouver un logement décent. Qu'y a t'il comme solution? N'importe qui répondrait : Appeler Stéphane Plaza.
Et bien justement non, c'est là où ce film est fort, c'est qu'il réussit à nous dépeindre une situation beaucoup trop complexe pour laquelle même le super-héros de l'immobilier de M6 ne pourrait rien. Parce que dire adieu à son couple, ce n'est pas juste claquer la porte en disant "je me barre". C'est bien plus compliqué que ça, d'autant plus lorsque l'on a des enfants.
C'est donc cette justesse que cherche à décrire le film au travers de ses protagonistes. Et ce par le biais de scènes fortes :
Bérénice Bejo qui se met à fondre en larmes à un moment où le climat de tension permanent du film laisse place à une éclaircie. Eclaircie prenant la forme d'une chorégraphie entre l'ancien couple et les deux petites filles sur "Bella" de Maître Gims.
Un décalage incroyable de pertinence entre un moment simple orchestré sur une chanson futile et le symbole d'une vie disparue. Ou quelques éléments de réalisations bien sentis : lorsque le couple s'excuse de ses engueulades régulières auprès de leurs deux petites filles, que le discours est cohérent et que tout d'un coup, l'on voit Bérénice Béjot silencieuse au premier plan et Cédric Kahn flou au second qui déclare : "Et puis peut-être qu'on se séparera pas et qu'on continuera à vivre tous ensemble". Visage flou insistant sur le manque de clairvoyance du personnage qui se ment à lui-même devant la mine fataliste mais triste de sa femme consciente que le scénario décrit par le père à ses enfants n'arrivera jamais.
Le petit bémol vient des seconds rôles dont l'interprétation paraît bien terne à côté de la maestria des deux personnages principaux.
Mais le plus bluffant dans ce film est probablement le fait qu'il est un huis-clos. La signification est certes évidente, l'enfermement étant là pour appuyer un peu plus la situation sans issue dans laquelle le couple s'est retrouvé. Mais le tour de force du film est qu'il parvient à nous faire oublier ce huis-clos.
Il y a tellement de va et vient dans cette maison que l'on a toujours l'impression d'avoir vu les personnages évoluer dans un autre environnement durant le film. On se sent donc oppressés par la situation, mais on a tôt fait de penser que cela est dû aux incessantes engueulades du couple. Et bien non, nous sommes oppressés car nous sommes enfermés dans ce symbole de l'histoire d'amour qui nous est dépeinte : une maison reflétant la beauté d'un amour passé mais dont la perfection architecturale n'a d'égal que la froideur et le caractère inextricable d'une passion éteinte.
www.parlonspeloches.fr
https://www.facebook.com/ParlonsPeloches/