Si vous n'avez pas vu le film et voulez éviter le spoiler, sautez à la section ''En bref''.
Il est rare que je sois particulièrement cinglante dans mes critiques, puisque j'essaie toujours de demeurer objective et de comprendre ce qui peut plaire à d'autres des films que je n'ai pas aimés. Dans le cas de L'Effet papillon, c'est certain, il y a une intention louable, une bonne idée de départ, un travail sur le scénario. Reste que si j'avais à donner la palme du pire film que j'ai vu, L'Effet papillon la remporterait. Rien de plus frustrant en effet qu'un film dans lequel on sent un réel effort, et qui est pourtant exécuté avec autant de mauvais goût.
Dès le départ, on est plongé sans explication dans une ambiance exagérément sombre et angoissante. Et c'est finalement tout ce qui ressort du film : un ton qui tire tellement sur le tragique gratuit et le larmoyant qu'on n'a pas d'autre choix que d'en rire aux éclats. Il y a bien un suspense qui s'installe dès le début, une certaine curiosité - et j'avoue avoir terminé le film pour en connaître le dénouement, car on se demande comment le scénariste peut parvenir à se sortir de ce pétrin, jusqu'où va le délire. Nous en reparlerons de cette finale.
Alors oui, il y a quelque chose qui fonctionne dans les premiers moments; mais peu à peu, les réactions exagérées des personnages, leur caractère tout à fait fade et non crédible (et le mauvais jeu d'acteur!), la tournure catastrophique des événements font totalement décrocher. Chaque nouveau développement m'épatait davantage par sa mièvrerie, son cliché et son ampleur démesurée. Kayley se suicide parce qu'elle revoit un ami d'enfance; dans une nouvelle temporalité, Evan s'éveille handicappé; sa mère fume et donc contracte un cancer du poumon; un enfant tue son ami sans raison avec un morceau de métal; c'est facile, tiré par les cheveux et carrément grossier par moment. Tout va toujours mal, le pire arrive toujours, et vous le comprenez bien, la vie est sans espoir et on ne se remet pas de son passé - il suffit d'avoir vécu une tragédie pour que toute notre vie soit fichue. L'amour d'Evan avec Kayley est impossible et on ne sait pas vraiment pourquoi - c'est comme ça, c'est tout.
Et donc, que reste-t-il à faire?
Ne jamais naître! La scène finale de la version que j'ai vue montre un foetus se suicidant avec son cordon ombilical dans le ventre de sa mère. Parce qu'Evan est un être qui n'aurait jamais dû exister. Et on nous montre ensuite comment subitement le monde est parfait, et comment tous ses proches sont plus heureux maintenant qu'Evan n'existe pas. C'est à la fois tordu, sordide, et tout à fait ridicule.
Il existe toutefois des fins alternatives à L'Effet papillon, et je l'aurais certainement moins pris en grippe si je n'étais pas tombée sur celle-là en premier.
En bref
L'Effet papillon n'est ni plus ni moins qu'un film catastrophe : cliché, excessif, plein de sentimentalisme facile et dont le propos final est d'un tragique, d'une naïveté grossière. L'enchaînement des événements est à la fois convenu et démesuré, les personnages n'ont aucune profondeur et se comportent comme des adolescents immatures, et pour couronner le tout, le jeu des acteurs est médiocre. Pour moi, en tout cas, il est impossible de prendre L'Effet papillon au sérieux.
Je conseille tout de même le visionnement, parce qu'il s'agit d'un de ces films tellement mauvais qu'il en vaut la peine d'être vu, question d'avoir une idée d'à quoi peut ressembler un dérapage cinématographique en bonne et due forme.