Etant le premier metteur en scène à recevoir l’oscar de meilleur réalisateur et de meilleur film pour l’excellent A l’ouest rien de nouveau, Milestone reste essentiellement connu aujourd’hui pour ses films de guerre. Genre dont il n’a jamais réussi à se détacher tout au long de sa carrière. Ici, il a eu une occasion unique de se frotter au film noir pour le plus grand bonheur des cinéphiles.
Nous retrouvons, ici, Barbara Stanwyck, après son immense succès d’Assurance sur la mort, jouant, Martha Ivers, une femme retrouvant son amour de jeunesse qui ne sera pas sans conséquences sur son couple. Son mari, Walter O’Neill, n’est ni plus ni moins que le tout jeune Kirk Douglas, dans sa toute première prestation à l’écran, s’adonnant à la boisson pour tenter d’oublier un terrible secret. C’est un acteur que j’apprécie beaucoup autant dans son jeu que dans le choix de ses films (Les ensorcelés, Les sentiers de la Gloire…) ayant tourné avec les plus grands cinéastes.
Le casting féminin ne se limite pas à la seule présence charismatique de Stanwyck. En effet, nous avons une nouvelle venue, Lizabeth Scott (Toni Marachek), interprétant une belle blonde voulant s’échapper de sa condition, après sa rencontre inopinée avec Sam Masterson (Van Heflin). Mais en tant que fan de l’œuvre de Hitchcock, j’ai eu l’immense surprise de retrouver Judith Anderson (l’inoubliable Mme Danvers dans le beau et gothique : Rebecca) dans le rôle d’une femme menant son foyer d’une main de fer.
Lewis Milestone maîtrise son sujet, en laissant le talent des acteurs s’exprimer pleinement à l’écran. Tous les personnages doivent faire des choix pour reprendre ou conserver le contrôle de leur vie, tout en échappant à leur passé leur collant un peu trop à la peau. Au niveau du scénario, il s’agit de la troisième collaboration avec Robert Rossen après L'ange des ténèbres et Commando de la mort. Ce dernier s’amuse avec les aspects sombres de ses personnages l’on retrouvera plus tard dans son célèbre L’arnaqueur qu’il mettra en scène. Cela n’en reste pas moins une production de qualité menée par Hal B.Wallis ayant contribué à l’existence de grands films noirs comme Casablanca, Le faucon Maltais, mais aussi l’homme aux abois (1948). Dans ce dernier film cité, nous assistons aux retrouvailles de Kirk Douglas et Lizabeth Scott, prouvant qu’ils ont réussi à faire leurs preuves très rapidement à Hollywood.
Conclusion : L’emprise du crime est un film noir ayant de multiples qualités permettant à Milestone de réussir son essai qui est, à mon goût, beaucoup trop peu (re)connu encore aujourd’hui. Surtout si je me base sur le nombre de notes sur SC (255) ou sur Allociné (103) au moment de ma critique. Allez-y, vous ne serez pas déçus !!