Moins marquant et passionnant que dans mon souvenir, « L'Emprise du crime » n'en est pas moins un film noir habilement mené, à l'atmosphère sombre et légèrement envoûtante. Bien réalisé par Lewis Milestone, l'œuvre a beau avoir quelques sautes de rythme et un scénario légèrement inégal, difficile de ne pas être séduit par ces relations complexes entre les différents personnages, loin d'un quelconque manichéisme et laissant à plusieurs reprises exploser le désir des uns et des autres, parfois presque à la limite du malsain.
Hormis peut-être le dénouement, d'une grande puissance d'ailleurs, le récit n'est que rarement prévisible, les liens unissant plus ou moins directement le quatuor amenant régulièrement un élément nouveau. L'interprétation n'y est pas pour rien : Barbara Stanwyck est une nouvelle fois sublime d'ambiguïté et de sensualité, tandis que pour son premier rôle au cinéma, Kirk Douglas a déjà l'étoffe du futur très grand qu'il deviendra. Pas le quasi chef-d'œuvre dont je me souvenais, donc, mais un film noir souvent pessimiste faisant honneur au genre : à (re)découvrir.