Septième Art et demi
Ce film est parfois considéré comme l'œuvre majeure de Truffaut, où il retrace la partie la plus fameuse de la vie de Victor alias l'enfant sauvage de l'Aveyron. Il ne m'a pas - mais alors pas du tout - marqué comme tel.
Avec tout le respect dû aux textes scientifiques assez vieillots et sublimement écrits émaillant l'histoire (sont-ce ceux du véritable professeur Itard ?) ainsi que pour la musique très Nouvelle Vague dans son emploi, le film est pensé comme une liste des moments les plus forts dans l'éducation du garçon, sans cohérence ni suite logique. Le réalisateur a voulu presser le temps pour placer le plus possible d'iceux avec un lent doigté, mais il en résulte que le début est bâclé, la fin inexistante, et qu'au milieu il avoue presque un manque d'inspiration dans les transitions en utilisant à outrance la réduction circulaire du champ, dissimulant à peine que la scène suivante fait un bond scénaristique.
Cela tient au montage, qu'on peut aussi blâmer dans sa paresse à éviter certains raccords à grands coups de Scotch. Et puis le ton de voix monotone de Truffaut, s'il convient bien à la voix off, va avec son incapacité d'être convaincant en tant qu'acteur, malgré tous ses efforts pour camper un personnage du reste charmant. Non vraiment, son expertise ne se fait sentir que dans le tournage des plans champêtres.