Le sport en général, je m’en tamponne allègrement l’oreille avec une babouche. Et en particulier le football américain. J’étais tout de même curieux de découvrir la vision que pouvait en avoir Oliver Stone, alors qu’il sortait de l’apogée de sa carrière.

Bonne nouvelle : « Any Given Sunday » est à des années lumières du mélodrame sportif sirupeux, ou de la success story conventionnelle. Mauvaise nouvelle : ce n’est pas toujours digeste.

Le début donne le ton, présentant un match où tout va à 100 à l’heure. Les personnages vocifèrent et s’insultent, les blessures pleuvent, la caméra tremble, le montage ne tient pas en place, la musique est tapageuse. Et c’est rempli de dialogues techniques rigoureusement incompréhensibles pour les Européens.

Le reste du film ralentit (un peu), mais dans l’ensemble ça reste lourd, et parfois même racoleur. Par exemple, le film cherche à souligner la beauferie du monde du football américain… et n’arrive pas toujours à éviter le piège de devenir lui-même beauf. Je note au passage une séquences aussi courte que gratuite de nudité masculine frontale, chose rare au cinéma !

J’imagine que Stone a voulu utiliser un style percutant, voire frénétique, pour évoquer la violence de ce monde (sur et derrière le terrain). Néanmoins il a tendance à tomber dans l’hystérie. Et sur 2h40 c’est franchement long.

Heureusement, « Any Given Sunday » a plusieurs atouts pour lui. Déjà, le portrait au vitriol du football américain. Propriétaire d’équipe cynique, entraîneur bourrin, médecin peu scrupuleux, joueurs qui ne sont que des bœufs débauchés et dopés, épouses trophées superficielles et intéressées. Tandis que le fric est partout, les contrats à renouveler guidant de nombreux choix. D’ailleurs, peu de personnages sont attachants, à part peut-être celui de Dennis Quaid, un vétéran blessé à deux doigts d’être éjecté.

Malgré le chaos général, les personnages sont finalement bien écrits. Beaucoup n’ont que quelques courtes scènes, toutefois le choix des répliques et du montage permet de leur donner du corps. On comprend rapidement d’où ils viennent et quelle est l’origine des conflits.

Il faut aussi dire que la distribution 4 étoiles y est pour beaucoup. Al Pacino est parfait en coach vociférant. James Woods est immédiatement détestable en médecin immoral. Cameron Diaz en propriétaire aux troubles desseins. Ainsi que quelques choix originaux, voire prémonitoires.

Elizabeth Berkley, dont la carrière avait été anéantie peu avant par l’excessif « Showgirls » joue ici le rôle… d’une prostituée. Jamie Foxx, alors méconnu, incarne un joueur de seconde zone qui va devenir brutalement une superstar mégalo. Une sacrée ironie, quand on sait que Jamie Foxx lui-même a eu la réputation de devenir imbuvable sur les tournages quand il a commencé à être célèbre.

Charlton Heston est également de la partie, le temps d’une furtive apparition. Un choix étrange, sachant que pour bien faire comprendre que le football est l’équivalent du cirque antique, Stone diffuse à un moment des images de… « Ben Hur » !

« Any Given Sunday » est ainsi une œuvre qui ne fait pas dans la dentelle, ni sur le fond, ni sur la forme, et qui divisera son public.

Redzing
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le 19 juin 2024

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