Nul doute que le sujet était fort et qu’il pouvait suffire à lui seul pour susciter le déplacement. Cependant, c’est loin d’être un atout pour cet "ennemi intime". Force est de reconnaître qu’on est forcément exigeant d’un film qui traite d’un sujet à la fois inédit au cinéma et aussi vif dans les esprits de tous. L’air de rien on attend de ce type de film qu’il distille une vérité qui nous ait encore inconnu. Rien de cela sous la direction de Florent-Emilio Siri. Incontestablement, le réalisateur de "Nid de Guêpes" était un bien mauvais choix pour une pareille mission. Habillé d’un esthétisme et d’une photographie de très mauvais goût, cet "ennemi intime" nous filme cette guerre d’Algérie sans réelle intelligence. De plus, le scénario ne fait que nous formater une intrigue vue et revue, inspirée vulgairement des gros classiques du genre qu’on a tous déjà vus vingt fois, et qui sombre facilement parfois dans la pire des caricatures. Certes, et fort heureusement, tout n’est pas à jeter dans cet "ennemi intime" : il reste une honnêteté qui se ressent, il reste la conviction d’un irréprochable Dupontel, et aussi de quelques scènes chocs qui savent faire leur effet. Dommage donc que le tout soit dilué dans des schémas si grossiers car, au lieu de vibrer pour une plaie vive de notre histoire, on reste maussade face à un film incroyablement synthétique.