Quatre ans après l'Easy Rider de Dennis Hopper qui allait poser les jalons du Road-Movie désenchanté, l'Epouvantail propose une variation pédestre de ce genre revisité façon seventies.


Les deux héros sont interprétés par Gene Hackman dans le rôle d"un idéaliste border line tout juste sorti de prison, attiré par les femmes et bagarreur et un jeune Al Pacino jouant une sorte de clown enjoué qui aspire à retrouvé femme et enfant s'accrochant à une boîte dans laquelle se trouve une lampe de chevet qu'il souhaite offrir à une progéniture dont il ignore tout, fille ou garçon ?


Contrairement à la plupart des road-movies illustrant le rêve américain, le périple du vieil Est vers l'Ouest et sa terre promise, le film du réalisateur de Panique à Needle Park, Jerry Schatzberg, propose une variation alternative, puisque le voyage se fait dans le sens inverse, image très seventies du revers de la médaille. On est à la fin de la guerre du Vietnam et l'Amérique vient de subir une décennie très controversée qui aura achevé sa vision optimiste et progressiste. Ce que d'innombrables cinéastes de talent n'auront de cesse de montrer dans des œuvres désenchantées et réalistes.


Le duo Hackman/Pacino fonctionne à merveille, incarnant deux hommes un peu paumés dans l'immense espace américain, deux rêveurs qui n'aspirent qu' à atteindre un but modeste en soi, mais qui pour eux semble presque inaccessible.


Une photographie aux couleurs passés illustre la monotonie de cette odyssée aux accents Homériens avec toute la désespérance et la perte d'illusion de cette Amérique qui a perdu ses valeurs et tend à poser un regard désenchanté sur un avenir en pointillés.


Tout le long de ce périple on éprouve un sentiment de désespérance et d’inaccessibilité pour une quête sans espoir. La monotonie est présente même quand le personnage interprété par Al Pacino fait le clown et tente d'amuser la galerie, il agit comme un pantin désarticulé dont les piles commencent à s'user malgré son jeune âge et sa bonhommie, il est l'épouvantail du titre.


Une musique country désaccordée et tronquée accompagnera le périple de nos deux anti-héros accentuant cet effet de désespérante monotonie.

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le 1 mars 2016

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