Où l'on se doute, si on ne le savait pas, que Walsh fut l'assistant du grand D.W. Griffith.
Bon ben pour le contexte, je vous renvoie à l'excellente critique de Limguela. D'autant qu'ayant vu le film sans sous-titres, alors que le sous-texte est assez implicite, j'ai dû passer à côté de pas mal de choses. Il n'empêche, j'ai vraiment été emballé.
En gros, c'est le choc entre deux hommes, Cantrell (W. Pidgeon) et Seton (J. Wayne) dans une petite ville du Kansas en expansion, Lawrence. Evidemment, ces deux hommes convoitent la même femme, Mary Mcloud (Claire Trevor), la fille du banquier. Seton est un gars honnête et bagarreur, sans éducation ("Shakespeare ? He must be from Texas ! We always say "all it well that ends well" in Texas"). Cantrell est un instituteur éloquent, qui a une mère exigeante qu'il adore. Quand Seton lui siffle le poste de marshall, Cantrell mène une double vie et se fait pillard. Avec la Guerre de Sécession, sa troupe augmente et il se fait passer pour un confédéré après avoir pillé une cargaison d'uniformes gris. Le dénouement se passe dans la ville de Lawrence en feu.
Le découpage de ce film semble venir du muet : parfait enchaînement des scènes de groupes de cavaliers et des inserts sur des grappes plus restreintes, belle photographie, retour au Kammerspiel pour les scènes dramatiques, personnages bigger than life. J'ai pensé plusieurs fois à "Naissance d'une Nation". La scène de la ville en flamme, à la fin, est impressionnante (des flammes de plus de trois mètres de haut sur les toîts : une image de l'Armaggedon). Evidemment, Walsh est un homme du parlant, qui sait d'ailleurs exploiter le débit de mitraillette d'une Claire Trevor, ou le débit lent de Wayne.
Il y a aussi des scènes truculentes (belle introduction de Seton avec le dentiste qui reçoit l'un après l'autre les mecs à qui il rectifie le portraît). La famille, et notamment la femme, est toujours le point faible du héros, qui est sinon homme d'action, noble, droit et décidé. On retrouve les thématiques de Walsh.
C'est un bon film de Walsh, un western solide teinté de l'influence de Griffith, surtout vers la fin.