A l'instar de la piste de Santa Fé de Michael Curtiz sorti la même année, Walsh reprend un épisode de l'histoire du Kansas (ici le pillage des milices pro-sudistes et l'incendie de la ville de Lawrence), tout en le dépolitisant (Quantrell à la tête de la milice ne pille que pour l'argent et non contre les anti-esclavagistes). Nous sommes ainsi dans un western classique mais qui devient un bon exemple de ce que l'on peut aimer dans le cinéma américain, celui d'hier et encore parfois celui d'aujourd'hui. Vu rapidement L'escadron noir est un bon petit western, une oeuvre divertissante que ce soit dans ses moments comiques (avec un John Wayne faisant fructifier le business de dentiste d'un vieil ami, en donnant du coup de poing), dans ses moments d'action ou dans son dilemme amoureux (la riche héritière sudiste prise entre deux hommes diamétralement opposés). Mais derrière, Walsh parle de déterminisme (Quantrell peut-il échapper à son engeance ?), de classes sociales (les riches sudistes qui possèdent le capital mis au ban de la société avec le début de la guerre). Il réfléchit aussi sur la notion de Loi où le révolver et la force font encore autorité (l'inculte cow boy est élu Marshall au détriment du lettré Quantrell...ce qui le conduira à laisser parler sa perversité innée) mais dont Walsh nous fait sentir les prémisses d'une société bâtie sur le droit (Patience, L'homme qui tua Liberty Valence et le nouvel Ouest qu'il décrit vont bientôt arriver). Le tout en passant un bon moment, dans un magnifique noir et blanc.