Élégante manière que celle du titre français de prêter des qualités au chat dont il est question. Le traitement des animaux chez Disney en manque, & il faudra plutôt s’attendre à voir l’animal ballotté d’une scène à l’autre. Je ne parle pas de maltraitance, mais simplement du peu de soin accordé à la réalité de l’animal : les nombreux acteurs félins employés par Stevenson sont malheureusement appelés à se simuler en-dehors d’eux-mêmes, ce qu’un peu de dressage aurait rendu, justement, aussi élégant que le titre & beaucoup plus subtil qu’un grand jeu de montage.


C’est d’autant plus dommage qu’on sent très bien où le talent Disney est endigué & canalisé dans un cahier des charges ultra-fermé : il s’en serait fallu de peu que l’aspect criminel soit vraiment intéressant par exemple, car la tension montait vite au début. Concentré sur la possibilité de nous convaincre des émotions du chat, le film ne saura pas se dispenser de beaucoup de plans courts dissimulant des scènes tournées en réalité sans les acteurs ou piochées au petit bonheur dans une quantité de rushs sûrement phénomènale. C’est la constante Disney, avec ses gros plans sur du surjeu, son thème musical monocorde, des bruitages excessifs marrants, les éclats de voix dont on entend distinctement l’écho en ”extérieur” (!) & ses quiproquos de quartier.


Plusieurs choses auraient pu permettre au film de se distinguer, la première étant les rushs, justement : quelques bons gags sont tout ce qu’on est parvenu à caser de rigolo dans une histoire de presque deux heures occupée essentiellement à maintenir vivant l’humour de conciergerie où le ragot est conforté dans sa place arrogante par la volonté d’infantiliser le crime & le FBI.


Ce n’est pas un film à critiquer : c’est trop facile. C’est juste un Disney daté qui ne se prend pas la tête & qu’il faut voir en sachant à quoi s’attendre. La diversité relative de ses sous-sujets amène d’ailleurs parfois ce genre d’épisodes cultes qui font la force de Disney & ont probablement assuré la place de Stevenson en tant que réalisateur chez eux (je pense aux brillantes scènes de la mégère & de son mari). Longuet par contre.


Quantième Art

EowynCwper
4
Écrit par

Créée

le 28 janv. 2020

Critique lue 288 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 288 fois

D'autres avis sur L'Espion aux pattes de velours

L'Espion aux pattes de velours
Trilaw
8

« Je n’ai aucune expérience en filature de chat »

Je crois honnête de vous dire que je n’ai aucune affinité avec les chats. Il y a comme un antagonisme entre nous Deux malfrats effectuent une razzia dans une banque. Ils prennent en otage une...

le 18 août 2024

3 j'aime

L'Espion aux pattes de velours
Eric31
8

Critique de L'Espion aux pattes de velours par Eric31

L'Espion aux pattes de velours (That Darn Cat !, traduction littérale: Ce maudit chat ! mais qui est aussi le titre de la chanson interprétée par Bobby Darin (Mack the Knife) est une très bonne...

le 16 mars 2015

2 j'aime

L'Espion aux pattes de velours
KrustyGT
8

Disney chat et enquête policière

On retrouve l'acteur fétiche de cette période pour les films réels de Disney, le conducteur de la Coccinelle. Dans cette aventure il est policier, le voila embringuer dans une situation...

le 30 avr. 2014

2 j'aime

5

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 26 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3