En 1965, la guerre froide bat son plein, et les films d'espionnage cartonnent au cinéma. Surtout la franchise James Bond qui écrase alors toute la concurrence. "The Spy Who Came In from the Cold" ne cherche pas à surfer sur le sillage des aventures de 007. Loin d'être spectaculaire, il s'agit d'une adaptation de John Le Carré, où le monde de l'espionnage est décrit comme un univers tordu, cynique et impitoyable, où les agents ne sont que des pions manipulés en permanence.
Ainsi, nous suivons ici le périple d'Alec Leamas, ancien responsable du bureau berlinois du MI6, qui semble sombrer dans la dépression après avoir été brutalement évincé des services secrets. Mais il s'agit en réalité d'une mission d'infiltration très subtile... Les spectateurs qui s'attendent à un rythme infernal, des gadgets, et des fusillades seront rapidement déçus. "The Spy Who Came In from the Cold" est un film posé et bavard, presque dramatique dans sa première partie.
Richard Burton est excellent dans le rôle de cet agent désabusé au regard perçant, qui s'enfonce dans l'alcoolisme pour mieux berner l'ennemi, avant d'être lui-même dépassé par les rouages d'une sinistre machination. On repère quelques bonnes têtes à ses côté, dont Oskar Werner en interrogateur froid et déterminé. Les dialogues sont de qualité, et le noir et blanc plutôt joli.
Question mise en scène, on n'est clairement pas au niveau des grands moments de l'espionnage ou du thriller, mais Martin Ritt livre un produit de bonne facture, avec quelques idées intéressantes (les jeux de miroirs dans le club de striptease, les rapports très froids entre les agents allemands...). Le film bénéficie surtout de son scénario très sombre, qui bien qu'assez lent offre une intrigue dense, qui se dynamise considérablement dans les dernières vingt minutes.
A défaut d'être un classique de l'espionnage, "The Spy Who Came In from the Cold" en est un variation tout à fait appréciable.