Depuis les années 80, Brian De Palma n'a cessé d'alterner les genres cinématographiques, passant du thriller à la comédie en jonglant avec le film de guerre et le polar. En 1992, il laisse donc à nouveau tomber la comédie et son Bûcher des Vanités pour revenir à ce qui l'a propulsé : le thriller hitchcockien. Et c'est désormais sur la schizophrénie et le film Psychose que va se porter son nouveau long-métrage dès le début très déroutant. L'Esprit de Caïn s'avère être en effet un film complexe et parfois difficile à suivre tant le cinéaste brouille les pistes (parfois maladroitement il faut le dire).
Porté par l'excellent John Lithgow (qui retrouve le réalisateur pour la troisième fois), le long-métrage s'intéresse à Carter Nix, un père de famille aimant plus que tout sa fille unique qu'il va très bientôt envoyer en Norvège pour y faire des tests approfondis. Nous découvrons dès le tout début que ce cher Nick en apparence lambda, est en réalité un schizophrène qui laisse parfois s'échapper son double maléfique, Caïn, meurtrier décomplexé s'accommodant des situations les plus délicates. Et lorsque Carter découvre que sa femme le trompe avec un ancien amant, tout va dégénérer et Caïn va échafauder un plan machiavélique...
Et si le film comporte des défauts de rythme et de linéarité évidents (la faute à un montage impersonnel commandé par la production), on ne pourra reprocher à Brian De Palma de nous servir ici une histoire sacrément tordue et finalement très bien menée, déroutant à chaque fois le spectateur pour que ce dernier n'en devine jamais l'issue. Nous assénant d'un nouveau monstrueux plan-séquence dans les locaux de la police ainsi que plusieurs plans tout simplement DePalmesques, le réalisateur livre avec L'Esprit de Caïn un excellent thriller psychologique hélas bien trop sous-estimé.