Krimo jeune adolescent est amoureux de sa copine d’enfance Lydia. Pour se rapprocher d’elle il va s’essayer au théâtre et apprendre la pièce Le jeu de l’amour et du hasard. Malheureusement, il ne va pas avoir la même passion et le talent de Lydia. À la manière de Marivaux, Kechiche va s’intéresser au jeu de l’amour qui prend place entre ces jeunes de la banlieue Parisienne.
Tout comme dans ses autres films, Kechiche encre son film « L’esquive » dans un style naturaliste. Le visuel du film se rapproche beaucoup d’un reportage sur les cités que l’on pourrait avoir au JT du 20h : il filme les sujets de face, en gros plan. Comme la majorité du film se passe dans des scènes de dialogues, le montage se cantonne à un simple champ contre champ et parfois on a le droit à un zoom sur le visage des personnages pour mieux cerner leurs émotions. Visuellement le film reste très simple, il n’y a aucun mouvement de caméra ou d’effets visuels marquant. Si visuellement le film est assez simple, c’est pour laisser place à ce qui est vraiment important : les dialogues. Kechiche organise toute sa mise en scène autour des dialogues. C’est dans les dialogues que se joue tout l’intérêt du film.
Dans L’esquive les dialogues ont un caractère jouissif. Kechiche laisse volontairement durer les dialogues. À l’image des discussions que l’on a dans la vrai vie, les dialogues dans L’esquive ne vont pas à l’essentiel, les personnages utilisent des chemins de traverse pour accéder à l’information qui les intéressent, avec succès ou non d’ailleurs. Le sens dans les dialogues se trouve autant dans les hésitations, les silences, le ton de la voix que dans ce que les personnages disent vraiment. C’est ce qui fait la particularité des dialogues de Kechiche, il arrive à laisser durer les échanges pour créer cet aspect réaliste aux dialogues. « J’ai l’seum », « sur la vie de ma race », « j’suis zehef », dès le début du film on comprend où l’on se trouve, les personnages s’expriment dans un jargon de cité si appuyé que cela en deviens drôle. Cette manière de s’exprimer si particulière, les hésitations, le ton de la voix qui trahissent les véritables intentions rendent les dialogues captivants et les personnages touchants. On ne peut que souligner l’interprétation des acteurs qui est d’une très grande justesse. Toutes ces querelles d’amour sont un moment de relâchement par rapport à la violence sous-jacente de la précarité, de situation familiales difficiles où de violence par la police.
On ressort de ce film exalté, tant par la vulgarité des dialogues ou des petit mensonges qui ressortent sans arrêt et qui nous rappellent avec tendresse une certaine époque de notre adolescence où ces querelles occupaient notre quotidien.