Takeshi Kitano : voilà un être dont j'ai pas mal entendu parler depuis une décennie que je suis cinéphile. Il y a quelques mois, Arte lui a consacré une soirée notamment un documentaire où j'ai pu le découvrir et cela m'a donné envie de voir ses films, à commencer par "L'été de Kikujiro", paraît-il le moins violent.
Un pitch mince comme du papier cigarette, une histoire narré comme un journal de vacances : une amitié improbable entre deux êtres marqués par la vie.
Le début de leur voyage se concentre exclusivement sur un endroit de paris où les parieurs parient sur des cyclistes (comme on parie sur les chevaux) et dilapide tout l’argent laisser par sa compagne, demandant à Masao de choisir deux numéros. Il lui fait gagner un pactole… avant de le perdre.
L’homme (dont on ne connaîtra le nom qu’à la toute fin : Kikujiro) se montre désagréable avec le gosse l’affublant du surnom « petit con » et insultant à peu près chaque personne qui croise leur route. Il lui achète des vêtements et va dîner dans un restaurant en laissant le petit dehors… qui disparaît. Et alors que l’homme mange tranquillement, nous assistons en alternance à une des scènes les plus immondes que j’ai vu de toute ma vie dans une œuvre de fiction.
Masao est dans une cabane seulement en short, avec un vieux type chauve quasi à poil qui lui tire son short : « Baisse ton short ! Je vais te faire du bien, allez fait le ! » (je me souviens pas de la réplique exacte mais il lui ordonne de baisser son short en lui disant des trucs sexuels), ça n’ira pas plus loin grâce à l’intervention de Kikujiro. En plus le détraqué avait une vraie tête de vicieux et tout, c’est un vieux et tout...
Kitano qui a écrit le scénario, réalisé et joue Kikujiro n’ira Jamais plus loin après on se rassure.
Son personnage s’en prend au détraqué en lui disant : « Donc si je baisse mon froc, tu vas me sucer la queue, c’est ça ? », « Oui ! », dis le pervers, on comprend que le pervers voulait faire une fellation au petit garçon. Kikujiro l’aligne d’un coup de poing : « Malade ! ».
Après cet événement horrible, Kikujiro qui ne fait pas le voyage par plaisir, va constamment veiller sur Masao… et réciproquement. Le film devient vraiment plus léger, quasi un enchaînement de séquences burlesques que n’auraient pas renier Buster Keaton par exemple. Sur leur route, ils croiseront désormais quasi que des personnages positifs, bienveillants désormais comme un couple, un romancier et des motards. Et le film va doucement mais surement délaisser le burlesque pour l’émotion pure.
Kitano est un acteur ouvertement inexpressif, pourtant il m’a vraiment ému, son attachement de plus en plus fort (mais jamais déplacé) envers Masao, comme un Ange (comme le montre une affiche du film) et le jeune Masao va s’occuper aussi de Kikujiro qui est un grand enfant parfois.
La brutalité psychologique de Kikujiro laisse place de plus en plus à une vraie tendresse envers Masao. Le film finit par tirer sur la corde : les genre vingt dernières minutes servent pas grand-chose. C’est un film auquel il ne manque pas grand-chose pour que je qualifie de « chef d’œuvre », parce qu’il m’a vraiment ému parfois, amusé aussi : bref, j’ai ressenti des choses devant cette histoire. Mais outre la scène immonde décrite plus tôt et la fin qui tire sur la corde, le personnage de Kikujiro est trop froid, brutal, désagréable (n’ayant un mot gentil pour quasi personne), donc pas si attachant que cela.
Comme grosse qualité de ce film, il y a la musique de Joe Hisaishi, compositeur attitré d’Hayao Miyazaki, dont le morceau « Summer » (qui a été un succès en 2000). Summer by Hisaishi
Le morceau au piano passe régulièrement du début à la fin du film : des notes qui font penser à l’enfance, à l’innocence et aussi une certaine mélancolie.
Je finis sur la mise en scène parfois originale de Kitano : plans d’un plat de verres dans un bar, suivi d’un plan du fond du verre dans lequel l’alcool coule ; plus tard, un plan du point de vue d’une gante d’une roue de voiture et les interludes en dessins qui spoilent un peu le récit qui va suivre et des plans très beaux et parfaitement calculés.