Voici le 8ème film de Takeshi Kitano, et on sent, qu’arrivé à ce moment là de sa carrière, le cinéaste s'est permis beaucoup de choses, et surtout pas mal de fantaisie, ce qui n'est pas fait pour me déplaire.


Il sort un peu du cadre de sa filmographie habituelle.
D'ailleurs, le réalisateur a indiqué que "le film se démarque des autres histoires que j'avais faites jusque-là. Pour une fois, il me semble que ce film penche plutôt du côté de la vie que de la mort. L'enfant symbolise l'espoir, l'avenir, un monde meilleur. Avec ce film, je crois avoir voulu rendre hommage à l'idée que je me fais de l'humanité".


Il est tendre et intimiste, mais décrit un Japon tout en contrastes, dans les paysages comme dans les relations sociales : solidaires, farouches, violentes ou tendres.


Il faut dire que le personnage principal est comme souvent dans les films de Kitano, un yakuzza à la retraite, donc fondamentalement violent.
Ce dernier s'humanise cependant en se prenant d'affection pour un jeune garçon qu'il tente de ramener à sa mère, et qui lui fait penser à lui même, jeune.


Les relations qu'ils vont entretenir tout au long de ce road movie vont s'intensifier progressivement, au point qu'à la fin, le garçon va appeler le vieux "tonton".


Pourtant, au début, ce n'était pas gagné entre eux. Le vieux insultait le gosse en permanence, le frappait de temps en temps et lui faisait tout un tas de reproches que le petit prenait assez philosophiquement, pensant très justement que ça allait lui passer.
Et c'est ce qui est arrivé : le vieux a appris à parler au jeune garçon et à s’occuper de lui, cahin caha.


Les aventures qu'ils partagent sur "le chemin de la route" les rapproche progressivement.
Le moment où on découvre ce qu'est devenue la mère de l'enfant (scène clé du film) va faire que le vieux prendra sous son aile ce gosse délaissé, qui lui rappelle son passé et sa situation d’orphelin.


La troisième partie, plus onirique et pleine de fantaisie, m'a séduite et beaucoup amusée.
Il y a des scènes d'une grande drôlerie, de jeux dans la nature, avec des hurluberlus rencontrés sur la route : deux motards punks adorables et prêts à toutes les facéties, et un campeur baba cool adorable.


Quant au personnage du vieux yacuzza, Kikujiro, il est loufoque à souhait, un peu déjanté et vulgaire. Il frappe un peu tout ce qui ne va pas dans son sens, au risque de tomber sur plus fort que lui et de recevoir une sacrée correction.
C'est vraiment l'anti-héros, sûr de lui mais très souvent ridicule, qu"on retrouve régulièrement dans les films de Kitano et qui, derrière son masque dee façade de dureté et son extrême violence, cache une certaine tendresse et en même temps, nous fait beaucoup rire. Quel foufou ce Kitano !


J'ai remarqué que le jeune Masao incline presque tout le temps la tête vers le bas, au début de l'aventure, sans doute terrorisé par le vieux. Mais au fur et à mesure, on le voit redresser la tête, parler plus franchement au vieux. A la fin, il rit même aux éclats devant les facéties de ces compagnons. Il faut dire qu'ils sont vraiment déjantés. Bref, c'est très beau à voir le visage de cet enfant qui s'illumine progressivement.


Les acteurs sont tous impeccables, à commencer par Yusuke Sekiguchi qui interprète Masao, le jeune garçon.
Il parait que Takeshi Kitano l'a choisi parmi plusieurs dizaines d'enfants. Le physique du jeune comédien détonne par rapport aux critères de beauté juvénile japonais généralement mis en avant au cinéma. C'est précisément son visage joufflu et ses traits atypiques qui ont poussé le cinéaste à lui offrir le rôle.


Pour la musique, Kitano a fait à nouveau appel à Joe Hisaishi, son compositeur attitré, également auteur de la musique des films d'Hayao Miyazaki : "Auparavant, je lui montrais toujours les rushes. Ensuite, je le laissais décider. Cette fois, je lui ai spécifié dans les moindres détails le type de mélodie, la progression de l'intrigue, le genre de musique que je souhaitais. De sorte que je l'imaginais pendant le tournage. Voilà pourquoi la musique colle au film", explique le réalisateur.

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le 3 déc. 2017

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