Détail amusant : le film aurait du s’appeler « Lo strano vizio della signora Ward ». Mais il paraîtrait qu’une certaine Mme Ward a menacé de faire un procès, contraignant les distributeurs à ajouter un « h » à la toute fin, au dernier moment !
Cela n’a en tout cas pas empêché Sergio Martino de faire carrière dans le giallo, comme la plupart des bon faiseurs italiens de l’époque. Mais alors, que vaut ce premier giallo du réalisateur ? Et bien c’est pas trop mal…
On s’intéresse ici à Julie, femme délaissée d'un homme d’affaire. En voyage à Vienne, elle retrouve un ancien amant crapuleux, et un bel étranger à qui elle n’est pas insensible. En prime, un maniaque zigouille au rasoir de jolies jeunes femmes des environs. Tout un programme.
Les séquences de meurtres sont sympathiques, avec l’archétype du tueur ganté et chapeauté en imper, et son rasoir luisant. Mais elles sont un peu expédiées à mon goût. Voir par exemple la scène du parc, que Dario Argento refera en légèrement mieux dans « Quattro mosche di velluto grigio », sorti quelques mois plus tard (hasard ou plagiat ?).
Par contre, sur l’aspect érotique, Sergio Martino s’est lâché. Certains gialli balancent un érotisme moite et totalement gratuit. Ici, c’est sensuel et (en général à peu près) justifié. Il faut dire que le film est porté par la belle Edwige Fenech, qui tournera quelques gialli avant de virer vers la comédie érotique. L’actrice donne de sa personne, participant grandement à l’effet des scènes de sexe, tantôt voluptueuses, tantôt sadiques. Vérifiez votre version néanmoins, des remontages américains ont outrageusement estropié ces scènes.
Fenech ne se limite pas à un sex-symbol, son regard et son jeu donnent du corps à un personnage tourmenté… qui est malheureusement trop passif dans le récit. Si bien que l’acte central fait clairement ventre mou, malgré les habitués du giallo qui accompagnent l’actrice (George Hilton, Ivan Rassimov, Alberto De Mendoza).
Heureusement, la dernière partie relève considérablement la sauce. Enchaînant les rebondissements et les twists imprévisibles propres au genre.
En bonus tout de même : des paysages de Vienne et d’Espagne. Et oui, ce giallo vous fera visiter deux pays pour le prix d’un ! Ainsi qu’une jolie BO de Nora Orlandi.