Poignant. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit. Grâce. Beauté. Fragilité. Dureté. Ce sont les mots qui me viennent pour définir le personnage principal, Umay interprétée admirablement par Sibel Kekilli. Par sa seule présence, elle donne son ton au film.
Les émotions sont à l'état brut. Sans artifice. La souffrance est palpable. Et le bonheur est un instant, fugitif, de passage. Les sentiments sont refoulés, rentrés et pourtant ils explosent.

Tout commence par une femme. Une femme emprisonnée. Une femme qui aspire à la liberté. Pour cela, elle est rejetée par sa famille, bannie d'une communauté (turque en l'occurence). C'est une histoire féministe. L'histoire d'une femme battue. D'une femme-mère. D'une femme perdue, déboussolée qui ne sait quelle direction prendre. C'est aussi une histoire de société. La place de la communauté. Les traditions. Un drame familial où le déshonneur est la préoccupation principale.

Umay flotte dans cet univers, son fils au bout du bras. Fusionnant avec lui, elle n'a plus que lui à perdre. Se jetant dans une mêlée qui devient la sienne, pour vivre et non plus survivre. Tout construire. Reconstruire. Un sourire. Un geste. Un rire. Une douceur. C'est cela aussi. Umay est un personnage complexe. Le film est complexe. Violence et douceur alternent, se suivent, se mêlent et s'emmêlent. Les regards, les cris, les coups ce sont des personnages qui crient au désespoir, à leur désespoir. On est face à un bazar mélodrame éclairé de quelques rayons.
Le jeune frère est intéressant. Vouant au début du film un amour aveugle à soeur, il finit par la haïr. Abandonné. Un enfant qui se doit de devenir homme. Il rejette la figure féminine. Pression communautaire et fanatisme.

La fin est rapide. Tragique. Statique presque. L'action est ralentie. L'instant est arrêté. Et puis, tout s'écroule. Un cri. Une plainte. Un râle. Fall apart. Noir.

[...]

"Pourquoi m'as tu emmenée là ? Pour te montrer ce moment, juste celui-là."
Lisa22
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le 13 mars 2014

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Lisa22

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