Trois ans après s'être intéressé à l'Etrangleur de Boston, Richard Fleischer revient sur l'affaire John Christie. Une célèbre erreur judiciaire de la fin des années 40, qui joua un rôle non négligeable dans l'abolition de la peine de mort au Royaume-Uni.
Tout comme "The Boston Strangler", "10 Rillington Place" se veut quasi documentaire, reprenant de nombreux faits. Toutefois, il est plus sobre formellement que son prédécesseur, et se centre davantage sur le tueur. Celui-ci est incarné par un Richard Attenborough absolument glaçant en Anglais en apparence poli, calme et civilisé, qui cache un assassin méthodique et un pervers sexuel. Il manipulera avec aisance les forces de l'ordre, et son voisin, un illettré simplet joué par un poignant John Hurt.
Tout ou presque est filmé en huis-clos dans des appartements vieillots, crasseux et peu éclairés, dévoilant une classe populaire présentée ici comme peu attachante. Qu'il s'agisse du tueur au cœur de pierre, ou de ses victimes irréfléchies. Même les policiers et les avocats, peu présents à l'écran, apparaissent comme antipathiques et expéditifs !
Beaucoup de désespoir et de froideur se dégagent ainsi de l'ensemble, qui est filmé avec soin par Richard Fleischer. Le réalisateur usant astucieusement des ombres et des lieux clos, y compris pour les meurtres (souvent suggérés) et les viols (jamais montrés). Et c'est bien là l'objectif du long-métrage, permettant de livrer un plaidoyer contre la peine de mort.