L'histoire se déroule à Prague dans les années 1820, on suit un étudiant sans le sou qui va récolter 100 000 florins en vendant son reflet à un énigmatique personnage. Commence alors une vie d'insouciance dans les milieux mondains et la rencontre avec une belle comtesse.

Bénéficiant d'une magnifique restauration, ce film de 1913 est considéré comme l'un des précurseurs du cinéma expressionnisme allemand et a connu un gros succès lors de sa sortie. Réalisé par Stellan Rye et Paul Wegener, "L'étudiant de Prague" aborde le fantastique à travers le double maléfique, symbolisé par cette scène où l'étudiant voit son double sortir du miroir. Le thème du fantastique se fait surtout présent lors de la dernière partie du film lorsqu'il hantera l'étudiant et le poussera dans ses derniers retranchements.

Tout le long du film, les réalisateurs braquent leur caméra sur l'étudiant que l'on voit modifié par son rapport avec l'argent puis rattrapé par la réalité et donc son double. Ils dressent un portrait psychologique de ce personnage qui passe de la dépression au bonheur amoureux en passant par la peur et les doutes, mais aussi et plus généralement sur la part d'ombre de la nature humaine à travers ce dédoublement.

Néanmoins, le film est loin d'être parfait. Si le thème du fantastique est assez intéressant et bien abordé, surtout dans la dernière partie, je n'ai pas ressenti une véritable atmosphère sombre et fantastique qui aurait été propice au film et finalement il peine à nous intéresser aux déroulements passé un début intriguant. De plus, le film donne une impression un peu trop théâtrale, que ce soit dans la manière de filmer ou dans le jeu des acteurs (dont le principal semble aussi trop vieux pour son rôle).

C'est dommage car le film bénéficie d'un très bon scénario nous emmenant dans des chemins pas toujours attendus. De plus, les décors (le film a été tournée en grande partie en extérieurs) sont réussis, sublimé par la très belle photographie ainsi que l'excellente bande-originale au piano signée Josef Weiss.

Bref, un film historiquement important et qui aborde plutôt le thème du fantastique mais qui m'a déçu par son manque d'atmosphère et une seconde partie de films guère intéressante, en partie rattrapé par une dernière assez sombre où l'on voit la déchéance du personnage principal jusqu'à une superbe scène finale.

Créée

le 3 oct. 2014

Critique lue 809 fois

13 j'aime

3 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 809 fois

13
3

D'autres avis sur L'Étudiant de Prague

L'Étudiant de Prague
Morrinson
7

Faust à travers le miroir

Ce long-métrage est d'une étonnante cohérence sur la longueur, pour une œuvre de 1913, à une époque où le court régnait de manière unilatérale — ou presque, il me semble. La maîtrise de la narration...

le 17 janv. 2020

6 j'aime

2

L'Étudiant de Prague
Syderen
8

Vendre son âme à Scapinelli

L'Etudiant de Prague est un film formidable, un joyau tout droit sorti de l'Allemagne torturée du début du XXe siècle. Son esthétique est moins expressionniste que ne le sera celle de Caligari, mais...

le 30 oct. 2016

4 j'aime

L'Étudiant de Prague
JKDZ29
8

Les ombres se lèvent

Parler de l’expressionnisme au cinéma revient souvent à parler du cinéma allemand des années 1920, et de prendre pour point de départ Le Cabinet du Docteur Caligari (1920). Pourtant, pour revenir à...

le 16 mars 2020

2 j'aime

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

166 j'aime

53

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34