Un duo de monstres sacrés (Robin Williams et Robert De Niro) au service d'une histoire vraie poignante, qui nous donne un espoir puissant pour mieux nous le reprendre, nous arrachant le cœur (et nos larmes) au passage. Ce brave docteur (Robin Williams, à qui l'on succombe au premier sourire innocent) qui se retrouve contre son gré (et sa formation, étant spécialiste des plantes...) à ausculter des patients figés telles des statues de marbre, sans aucune réaction, et qui se bat pour trouver un remède qui pourrait les sortir de leur éternelle absence... Préparez-vous à une large palette d'émotions, allant du rire (quelques traits d'esprits amusants !) au flot de larmes devant la détresse humaine la plus pure. Un grand moment de cinéma lorsque le Festival de Deauville programme une séance de Awakenings (L’Éveil) avec la pellicule d'origine, grain "saupoudré" de l'image, plans coupés en deux que le projectionniste replace à l'ancienne (à l'huile de coude)...on se prend à s'imaginer quelques décennies (30 ans exactement) en arrière, et le charme du film fait d'autant plus effet. Des deux heures que dure Awakenings, on n'en ressent la longueur que lors de quelques scènes finales (lors des disputes), mais sans que cela n'entache la puissance émotionnelle du bouquet final : tendresse (
lorsque la demoiselle qui plaît à Léonard l'enlace une dernière fois
), tristesse profonde (
lorsque Léonard choisit d'arrêter le traitement quand il ne peut même plus lire, et redevient immobile
) et espoir en la recherche médicale, afin que l'on puisse un jour voir ces patients particuliers revivre plus qu'un court instant... Impossible de ne pas s'attacher au personnage de Léonard et à celui du bon docteur, de ne pas s'offusquer du peu de considération que l'on accordait dans les années 60 aux malades (le médecin qui est choisi car il est "expert en légumes", quelle blague douteuse, témoin de l'image qu'avait l'opinion publique des patients figés), de ne pas sortir les mouchoirs quand le choix doit être fait entre supporter les lourds effets secondaires du traitement "éveillant" ou sombrer de nouveau dans le sommeil si effrayant. On notera même les traits d'humour distillés ci et là : "Myriam ! Revenez ici, je dois prendre votre tension !" - "Vous avez eu 25 ans pour la prendre, maintenant c'est trop tard !" ; la séquence au dancing avec les patients qui vivent comme des gamins... On ressort de cette séance magique (qui nous a fait voyager dans le temps) avec les yeux rougis, une profonde tristesse, l'indicible espoir qu'un jour on trouve le remède à cette atroce condition, mais aussi un amour sincère pour ce brave médecin qui a refusé l'abandon de ses patients. Bouleversant.