L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet par cloneweb

l y a quatre ans, Jean-Pierre Jeunet signait Micmacs à Tire-Larigot, un film basé sur une histoire originale qu’il a lui-même écrit. Le film reprenait toutes les habitudes et gimmicks du réalisateur vues et revues depuis Amélie Poulain et finissait dans la caricature de ses propres œuvres. Filtre jaune, personnage caricaturaux, petites manies de chacun et bricolage dans tous les sens pour une histoire au fond bien peu inspirée et qui ne m’a pas laissé un grand souvenir.

C’est donc avec le sourire que je vous parle de son nouveau long-métrage, beaucoup, beaucoup, plus réussi que son précédent.

L’Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet est à l’origine un romain sorti en 2009 et dont Jeunet s’est vite emparé, cherchant une histoire à adapter. On y suit les aventures du jeune T.S, un gamin surdoué, amateur de sciences et d’inventions, qui passe son temps à faire des expériences, des schémas et des notes. Il vit sa famille dans un ranch perdu au milieu du Montana. Sa soeur s’intéresse aux concours de beauté, sa mère étudie les insectes, son père est une sorte de cowboy moderne. T.S. a bien du mal à trouver sa place parmi eux, d’autant que son frère jumeau est décédé dans un accident. Alors quand il apprend que le Smithsonian Museum veut lui offrir un prix pour une invention, il décide de traverser les USA pour aller l’accepter et prononcer un discours de remerciement.

On pourrait croire raconté comme cela que le film va se focaliser sur la traversée des Etats Unis par un petit garçon. Il n’en est en fait rien puisque cet extravagant voyage est avant tout une histoire de famille. Le trajet en lui-même connaitra bien quelques rebondissements et personnages intéressants (donc Dominique Pinon, obligé) mais il se fera globalement de manière posée et sans risque. Jeunet va surtout s’intéresser à écrire (et décrire) ses personnages, avec leurs caractères tous très opposés et pourtant si unis quand il le faut. Avec Guillaume Laurant, son comparse scénariste, ils décrivent des personnages ayant des habitudes comme on en voit depuis Amélie mais sans tomber pour autant dans la caricature et la facilité. Et il faut bien reconnaitre un certain talent pour cela. Quel cinéaste prend le temps d’évoquer le chien familial et sa passion pour les seaux métalliques qu’il aime croquer ? Qui prend le temps de filmer un martin pêcheur avec une caméra sous marine ?

Bien que marqué par le décès d’un membre de la famille, le frère jumeau de T.S. qui apparait à plusieurs reprises comme un fantôme, le film est ampli de couleurs et de douceur. Jeunet prend un plaisir immense à filmer les Etats Unis et les grands et magnifiques espaces du Montana en particulier. Les plans sont superbes et la 3D incroyablement réussie, alternant entre profondeur de champs et quelques objets en direction du spectateur. Jeunet, rendant en passant un bref hommage au cinéma asiatique 3D des années 50, utilise de cette technique considérée aujourd’hui comme un gadget pour mettre en avant les différents dessins réalisés par T.S. En fait, le livre de Reif Larsen est un roman illustré de nombreux croquis et annoté par le personnage que Jeunet a intégré dans le film de cette façon.

On prend donc un réel plaisir à suivre la mignonne histoire de ce petit bonhomme, même si la fin est plombée par un dernier acte sorti d’un chapeau où T.S, tout auréolé de son prix, doit participer à une émission de télévision. Pendant ce passage, on bascule de l’histoire familiale à une dénonciation malvenue du système médiatique et des enfants stars. Un passage étrange, venu de nulle part et pas du tout à sa place.

La cote de Jean-Pierre Jeunet avait donc baissé au fil des années depuis mais devrait remonter en flèche tant L’Extravagant Voyage au titre à rallonge est un joli film, portés par de chouettes acteurs dont le jeune Kyle Catlett découvert aux cotés de Kevin Bacon dans la série The Following. Un film qui donne envie de partir au Montana, juste pour le plaisir de regarder la nature assis sur les marches d’un porche en bois.
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le 11 oct. 2013

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