Des studios Corman sont sortis de nombreux films, le plus souvent assez accessoires aux yeux des cinéphiles les plus sérieux mais avec quelques pépites pour qui aime ce genre de cinéma. Ils permirent aussi à de nombreux cinéastes et acteurs de faire leurs dents et parfois de retrouver de vieilles gloires. Dans The Terror, Roger Corman est aidé à la réalisation de Monte Hellman, Francis Ford Coppola et Jack Nicholson. Ce dernier tient d'ailleurs le rôle titre, avec le grand Boris Karloff.
Pendant les guerres napoléoniennes, un jeune officier se retrouve isolé et perdu. Une jeune femme vient lui porter secours. Mais elle s'évanouit dans la mer tandis que le soldat français est recueilli par deux étranges villageois qui lui assurent qu'il n'y avait personne avec lui. Décidé à en savoir plus, il se rend dans le château du Baron Von Leppe et découvre que cette jeune femme est le portrait craché de l'ancienne femme du châtelain, morte depuis des années.
L'opiniâtre se heurte aux secrets du Baron, un seigneur qui vit reclus, avec le poids de sa culpabilité. Dans l'environnement gothique du château et de ses alentours, tout le casting est réuni autour du poids des erreurs de Von Leppe et de ses nombreuses conséquences. Manipulations et mensonges se croisent donc dans une réalisation sobre mais pourtant envoutante, où l'ambiance ne repose pas tant sur une histoire de fantômes que de personnages qui subissent, cachent ou veulent réparer ce secret.
Le film est surtout connu grâce à La cible, de Peter Bogdanovich, l'un des films annonciateurs du Nouvel Hollywood, puisqu'il reprend certaines scènes non utilisées de The Terror et que Boris Karloff devait encore deux jours de tournage à Roger Corman, utilisés pour ce film.
Pour autant, le film n'est pas inintéressant. Pur film «à la Roger Corman », il a été tourné rapidement, avec quelques problèmes de montage, mais avec une intrigue sans temps morts, au prix de quelques incohérences. Heureusement, il ne souffre pas d'une distribution malhabile grâce à la présence de Jack Nicholson et de Boris Karloff, et même les personnages secondaires sont assez justement interprétés pour une histoire anecdotique mais qui se laisse découvrir.