« L’héritier » aurait-il inspiré le célèbre personnage Largo Winch, paru quelques années plus tard ? Le doute est permis tant les similitudes sont nombreuses... sans compter le patronyme du réalisateur ! En effet, Jean-Paul Belmondo incarne un play-boy catapulté à la tête d’une grosse fortune, et contraint de reprendre l’empire industriel de son père, décédé dans des circonstances troubles. Il aura affaire à ceux qui luttent contre les changements qu’il veut imposer, et surtout une machination qui tente de le faire disparaître à son tour.
« L’héritier » est un film assez inégal. Le scénario contient de très bonnes idées, notamment celle d’un homme explosif qui veut dynamiter les conventions industrielles, politiques, et médiatiques de son empire, et tout changer. On y trouve même des réflexions sur la construction de l’Europe industrielle, par une génération qui a pourtant agi durant la guerre. Le souci est que ces éléments passent souvent au second plan, ou sont en tout cas trop peu élaborés. L’intrigue préfère se centrer sur un complot assez classique, ou sur des scènes misogynes qui feraient passer James Bond pour un féministe. Scènes mettant en valeur le « pouvoir de séduction et de virilité » de Bébél, pourtant un peu plus sobre et complexe que les rôles de cogneur au grand sourire qu’il enchaînera dans les années 70/80.
Philippe Labro s’appuie tout de même sur une belle brochette de seconds rôles, avec en tête Charles Denner et Jean Rochefort. Il propose également une mise en scène originale, jouant beaucoup sur l’effet Koulechov avec un montage qui mêle séquences de différents moments du film, ou éléments symboliques, pour renforcer le poids et le sens de certaines séquences. Aussi il est dommage que film n’ait pas bénéficier d’une intrigue plus fouillée.