Héritier des aciéries Cordell, riche, séducteur, volontaire, costaud, méprisant le grand Capital et ses notables, Bert Cordell a tout pour lui, tout pour faire un héros populaire...sauf l'authenticité. Jean-Paul Belmondo s'offre un rôle tout en frime devant la caméra d'un Philippe Labro dont la direction d'acteurs n'est pas le point fort -il fera pire avec "L'alpagueur"...
Ce Bert Cordell dont le réalisateur veut faire, dans une mise en scène démonstrative, un type extraordinaire, aligne les sentences et les formules toute faites, prend des poses avec un sérieux désarmant qui n'ont que l'effet de stigmatiser un personnage factice et mal dégrossi. Et j'enrage de voir des comédiens comme Jean Rochefort ou Charles Denner servir la soupe à ce Belmondo-là.
Cordell est au centre d'une intrigue industrielle, familiale, criminelle, dont le principal enseignement est que le milieu de la finance est un panier de crabes, une pègre en costume-cravate. Le sujet de Philippe Labro, tel que le réalisateur le met en scène, est à l'image de ses personnages: tout en surface. Labro semble vouloir édifier le spectateur profane sur la "France d'en haut" mais il simplifie, il vulgarise, tant et si mal que le film, mi-polar, mi-satire de moeurs, n'attrape que les poncifs, flirte avec la démagogie. Sa mise en scène impersonnelle, sèche sinon austère, subit diverses influences dont celle du cinéma américain de la même période et ne parvient pas à installer un quelconque suspense. On s'ennuie.